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Personnages humains

Détails
Catégorie : Dossiers & réflexions
Publication : 25 mai 2022
Affichages : 4559
  • Méthode
  • Outil
  • Dossier
  • Réflexion

000 Titre

Personnages humains

Il est fascinant de se pencher sur la manière dont les personnages sont créés par des auteurs et scénaristes. Pour ce qui me concerne, j’ai toujours pris autant de plaisir à analyser cela qu’à découvrir tout ce qu’étaient les effets spéciaux cinématographiques avant que l’informatique n’envahisse ce domaine. Ce dossier va me permettre d’aborder et vous présenter quelques points associés à des personnages qui m’ont marqué.

Pour simplifier cette approche complexe, je vais néanmoins me limiter à un panorama très resserré en me focalisant sur les humains. Ce qui signifie que je vais laisser de côté les animaux et tout ce qui tourne autour, que ce soit ceux liés à la thérianthropie, au chamanisme ou à l’anthropomorphisme. Idem pour les humanoïdes, les aliens et autres extraterrestres, IA, androïdes, etc. pour lesquels je ne donnerai que quelques exemples.

Non parce qu’ils sont inintéressants, loin de là, mais parce qu’il faudrait leur consacrer un papier spécifique – ce que je ferai peut-être un jour, lorsque mes romans y feront référence, ce qui ne saurait tarder – outre le fait qu’ils sont, de toute façon, souvent calqués sur des modèles humains (voir le chapitre des cas particuliers).

Évidemment, comme tous mes dossiers, ce qui suit est très parcellaire et biaisé par mon point de vue, n’étant ni spécialiste en narratologie ni un pro de ce sujet.

C’est ainsi que, pour ma part, j’aborde la notion de personnages au travers de cinq facettes seulement. Il y en a vraisemblablement plus, mais ces cinq-là m’ont toujours paru captivantes parce qu’un auteur-scénariste devient un « dieu » vis-à-vis, non seulement d’univers et de mondes [renvoi au dossier associé], mais aussi, et surtout, de créatures.

C’était d’ailleurs une énigme présentée au sein de la série BD gentillette, mais déjà sexy, d’Olivier Rameau par Greg et Dany. Dans la 2e BD, « La bulle de Si-c’était-vrai », les héros (Olivier Rameau, Colombe Tiredaile et Monsieur Pertinent) se retrouvent face à un ogre qui se la joue façon inversion du Sphinx : pour avoir le droit de passer, il faut lui poser une devinette (le Sphinx ayant, lui, interrogé Œdipe). S’il ne donne pas la bonne réponse, vous gagnez et pouvez accéder à ladite bulle. Sinon, il vous mange tout crûment. Gniak !

001 Rameau

002 Rameau

Donc, disais-je, cinq facettes me paraissent plus marquantes que les autres :

1 – Le(s) rôle(s) du personnage

2 – Son identité et physique

3 – Ses personnalité et caractère

4 – Son histoire personnelle

5 – L’empathie, sympathie et antipathie qu’il suscite.


1 – Rôles

C’est là le premier élément clef de n’importe quel protagoniste : quel est son rôle dans la nouvelle, la BD, le roman, le film, la saga, la série, etc. ?

On pourrait se limiter à n’énoncer que 3 possibilités : être héroïne-héros [Doc Savage, Capitaine Flam, Albator, etc.], être personnage secondaire [un second rôle, second couteau, etc.], être un simple figurant. C’est généralement ce que l’on entend au cinéma ; les deux premiers étant l’objet de récompenses dans les prix du 7e art. Ce que je trouve très réducteur, bien que je l’aie noté lors d’échanges sur ce sujet.

004 Héros

Doc Savage : illustration de Walter Baumhoffer – Capitaine Flam – Albator

Pour ce qui me concerne, je classe mes personnages et ceux des romans ou BD que je lis, aussi bien que des films et séries que je visionne, en neuf catégories :

1.1 – Les personnages principaux

Le récit tourne d’eux et ils vont généralement mener cette aventure de bout en bout. Le fait que ces protagonistes soient plutôt gentils en fera des héros ou à l’inverse des méchants et salauds s’ils ne le sont pas. Avec toute la palette des nuances possibles entre les deux, si nous ne sommes pas dans un univers manichéen. Dans cette catégorie, je vais citer en vrac quelques héroïnes remarquables par leur capacité à survivre et leur forte personnalité : Ripley, dans les Aliens, Alice dans les Résident Evil, la pulp et sexy Barbarella des comics et du film éponymes, Gunnm (ou Alita au cinéma), Ellie Arroway de Contact, Rey et Leila de Star Wars, Sarah Connor des Terminator, Nyota Uhura de Star Trek, Leeloo du 5e élément [qui est parfois assimilée à un faire-valoir, ce en quoi je ne suis pas d’accord], la major Motoko Kusunagi de Ghost in the Shell, Emeraldas dans Galaxy Express 999, Jane Eyre du roman éponyme de Charlotte Brontë (ainsi que des multiples adaptations cinématographiques), Norah, Fanta et Khady Demba dans Trois femmes puissantes de Marie NDiaye, Defred de La Servante écarlate de Margaret Atwood (et dans la série éponyme), Essun dans La 5e saison de N.K. Jemisin, Honor Harrington dans la saga politico-militaire éponyme de David Weber, Naula dans Yggdrasil de Myriam Caillonneau, Althéa Vestrit dans le cycle Les Aventuriers de la mer de Robin Hobb, Ki et Vandien dans la tétralogie éponyme de Megan Lindholm (autre nom de plume de Robin Hobb), Yoko Tsuno dans la série BD éponyme de Roger Leloup, Lina [727] dans le F.E.L.I.N.E d’Arnauld Pontier, etc. Je m’arrête ici, car la liste pourrait être beaucoup plus longue, mais je pourrais ajouter quelques-unes de mes héroïnes principales avec la Capitaine Li Soyana, la pilote Doriane Kádícamba et Line d’Inhumaine Contrebande, aussi bien qu’Anaïs Lys dans l’Enfer des Vers.

003 Héroïnes

1.2 – L’héroïne-héros fil rouge

Plus rare, c’est un acteur dont la vie et les déboires servent la trame des péripéties, de fil conducteur dans une série sans qu’ils ne soient au centre de l’intrigue. C’est le cas de Messire Aymar dans Les Tours de Bois de Maury, de Hermann ; il est celui que l’on suit, mais chaque BD narre une histoire différente avec de nouveaux personnages et événements dans lesquels Aymar arrive un peu par hasard. Ainsi le 1er épisode, titré Babette, est focalisé sur Germain et Babette, face au chevalier Geoffroy tué en tentant de violer la jeune femme ; s’y ajoute l’ami du défunt et fils du seigneur Eudes. Aymar de Maury n’apparaît et n’intervient qu’après la survenance du drame. Son but personnel, alors qu’il revient au pays, et de rejoindre son domaine, mais il faut attendre la fin de la série pour lever le voile sur les mystères qui entourent celui-ci : les Tours de Bois-Maury sont les plus belles et les plus hautes qui soient en terre chrétienne (sic).

005 Bois Maury

1.3 – Les accompagnateurs, assistants et/ou faire-valoir.

Ils font partie du duo ou du groupe clef de l’histoire, mais servent surtout à aider et mettre en avant les héros, même si leurs présences et leurs rôles sont souvent primordiaux. Ils sont parfois les narrateurs ou rapporteurs des événements, faits et gestes des personnages principaux. Mais dans une série ou une suite d’aventures, ils pourraient être momentanément absents sans que cela pose souci. Nous fourrerions facilement là-dedans de Docteur Watson pour Sherlock Holmes, Capitaine Hasting pour Hercule Poirot, Bill Ballantine pour Bob Morane, Jane et Boy pour Tarzan, Spock et le docteur Mc Coy dans Star Trek (ce dernier étant, de loin, mon préféré, et je lui fais un lourd clin d’œil dans la nouvelle Aliens, Vaisseau et Cie du recueil dickien éponyme ; je rajouterai Data auquel Gerulf fait référence en partie, mais comme il n’est pas humain…), Olivier, l’écuyer, pour son Maître Aymard dans les Tours de Bois Maury, Djinn et Barney pour Bernard Prince de Hermann et Greg, Carabella pour Lord Valentin dans la série Majipoor de Silverberg, Booooy dans God of War, l’équipe de Doc Savage, celle des IMF, celle d’Agence tous risques (I love it when a plan comes together) ou celle des Justiciers du Globe d’Herbert Kranz, Hermione et Ron dans Harry Potter, Adso de Melk auprès de Guillaume de Baskerville dans le Nom de la Rose (le livre d’Umberto Ecco, comme le film de JJ Annaud), etc., etc.

006 accompagnateur 01

Sherlock Holmes and John Watson - Sidney Paget Book Illustration 1958

007 accompagnateur 02

Hercule Poirot et le Cne Hasting par Robyn C.

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Djinn, Barney et Bernard Prince, par Hermann

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Guillaume de Baskerville et Adso de Melk (Le nom de la Rose)

1.4 – Les personnages secondaires

Au contraire des précédents, ils sont moins présents, c’est-à-dire qu’on ne les a pas en quasi – permanence aux côtés (ou en face) des héroïnes/héros. Ils ont pourtant une place importante et jouent un rôle non négligeable, voire capital dans l’aventure. Que ce soit Mycroft Holmes ou l’inspecteur Lestrade. Que ce soit Clairembart, Tania Orloff, la nièce de Ming, etc. dans Bob Morane. M et Q dans les 007. La plupart des personnages de Babylon 5, puisque le « héros » est ici la station elle-même. Jérôme, le docteur Lamar, etc. dans Bienvenue à Gattaca. Quasiment tous ceux quelque peu importants qui gravitent autour de Paul Atréïdes dans Dune : son père Leto, sa mère Jessica, le mentat Thufir Hawat, Duncan Idaho, le docteur Yueh, le baron Harkonnen, Rabban, la plupart des Fremen, etc., etc. Tous les personnages de la série télé Games of Thrones sont d’ailleurs secondaires, l’histoire n’étant centrée sur aucun d’entre eux [ce qui est compréhensible au vu des morts innombrables], tout au plus certains (par exemple : Tyrion, Jon Snow, Sansa ou Arya Stark) font-ils figure de fil rouge étant parmi ceux visibles [et donc toujours vivants] du 1er épisode de la 1re saison à l’ultime épisode de la 8e et dernière saison.

010 Tania Ming

Tanio Orloff et Mister Ming, par Cora

011 Dune persos

Maison Atréides (Dune de David Lynch 1984)

012 GoT

Personnages de GOT (Tyrion, Sansa, Arya, Jon, Cersei)

1.5 – Les miroirs et contraires

Ils sont à la fois les adversaires et les faire-valoir des héros, souvent à l’opposé de ces derniers s’il s’agit d’un univers relativement manichéen. Ils sont en fait des personnages secondaires particuliers. Antipathiques ou sympathiques, ils sont là occasionnellement et stimulent l’aventure ou/et les héros. Le célébrissime professeur Moriarty de Sherlock Holmes aussi bien que la belle Irène Adler, seule femme dont il tombe amoureux. Ming dit l’Ombre Jaune, Miss Ylang-Ylang (j’avoue avoir un faible pour elle, au point que la Commandante Xiãn des romans de Gerulf lui est un hommage et clin d’œil appuyé), Orgonetz, le Docteur Xhatan (pour qui j’ai aussi un faible, quoique pour des raisons très différentes de la dirigeante du Smog), etc. dans Bob Morane. Le Spectre dans 007 (le perso est là une organisation dont la « tête » change d’un film à l’autre). Missy dans docteur Who, personnage qui reste présente dans la saison 8 et dans les premiers épisodes de la 9, ainsi que nombre de Maîtres du temps. Khan Noonien Singh face à James T. Kirk, que ce soit dans la série originelle, le 2e long métrage (La colère de Khan) et dans la version alternative récente (Star Trek into Darkness). Voldemort ou Drago dans Harry Potter. L’homme à la cigarette dans X-Files, La Mangouste dans XIII, etc., etc.

013 XFiles

L''homme à la cigarette de X-Files joué par William B. Davis

014 ylang ylang

Miss Ylang-Ylang et Bob Morane, couverture de P. Joubert.

On notera d’ailleurs que ces personnages de type 4 (secondaires) et 5 (contraires) font parfois l’objet d’une série dérivée, les fameux spin-offs (d’où j’écarterai ceux reprenant les héros en mode gamin ou ado – l’un des très rares cas de réussite à ce niveau-là est, de mon point de vue très partial, celui du Petit Spirou à cause de son impertinence). Je citai XII ; quand Jean Van Hamme et William Vance ont cessé d’en être les maîtres d’œuvre, des spin-offs se sont fait jour (collection XIII Mystery) avec la Mangouste, Irina, etc. Idem pour Thorgal, qui a donné une suite intitulée les Mondes de Thorgal, pour présenter Kriss de Valnor et Louve avec leurs propres cycles. En film, le Roi Scorpion est né de la Momie 2. Bumblebee dérive de Transformers, US Marshals a pour origine le Fugitif, Buzz l’éclair de Toy’s Story, etc. La plupart des œuvres anciennes et mythologiques ont joué sur ce genre de choses : L’Illiade évoque la Guerre de Troie, l’Odyssée en est un prolongement centré sur Ulysse et son difficile retour chez lui. En SF, la mort de Franck Herbert a fait que son fils Brian a repris le flambeau et créé des spin-offs (que je n’ai guère appréciés, hélas, car à la tournure trop mercantile et sans assez de peps à mon goût ; alors que j’ai vraiment aimé le cycle original de Franck Herbert, jusqu’à la Maison des mères, plus rien au-delà) de l’univers de Dune : la maison des Atréïdes, la maison Arkonnen, la maison Corino, la guerre des machines, le Jihad bultirien, la bataille de Corrin, etc.

015 Thorgal

016 XIII

1.6 – Les personnages annexes

Ceux-là servent un moment de l’histoire, ne reviennent pas forcément, mais ne sont pas de simples figurants sans consistance, comme le seraient des passants au sein d’une rue. On ne connaîtra pas grand-chose d’eux. Ils sont plutôt du genre à apporter une information, une clef, quelque chose d’utile à l’aventure. Pour exemple, dans l’Arme Fatale 1, le petit groupe de gamins qui assiste à l’explosion de la maison de Dixie vers laquelle se dirigent Martin Riggs et Roger Murtaugh. Alfred, l’un des gosses ayant été témoins, va permettre d’apprendre que l’un des suspects porte un tatouage des forces spéciales identique à celui de Riggs. Les Mondes de Quirinus comporte plusieurs personnages annexes qui font quelques passages éclairs pour une action particulière, parce qu’ils sont impliqués dans un événement et qu’ils y ont joué un rôle, etc. Ainsi, citerai-je Juana et Solia, membres d’un commando d’attaque AĀ. On assiste à une de leurs interventions musclées, sans qu’elles réapparaissent par la suite.

017 arme fatale

Roger Murtaugh et Martin Riggs, joué respectivement par Danny Glover et Mel Gibson (L'arme fatale 1 à 3)

1.7 – Les personnages anecdotiques

Ils existent, n’ont aucun rôle important, mais on parle d’eux à un moment donné dans l’histoire. Ce sont les « passants ». C’est le cas de quelques protagonistes « fugaces » dans Les Mondes de Quirinus : Adriana et Andji qui décèdent lors d’une attaque, Cleveland un policier de la MMP, Marney un jeune Martien qui aide Thierry Lawrence qui est, lui, un acteur clef de la 4e partie, etc.

018 Quirinus

1.8 – Les figurants et anonymes

Ceux-là n’existent que visuellement, n’ont ni nom ni histoire, juste une présence. On les voit au cinéma, dans les BD, mais on ne les évoque guère dans les romans et nouvelles. Ce sont les zombies de Walking Dead ou de The Last Girl, les passants des rues de n’importe quel film, les clients d’un magasin, d’une banque, les joueurs de l’équipe de hockey sur glace au début de La Nuit au Musée 1, ceux de base-ball dans le long-métrage Daryl, les personnes qui assistent à la remise de prix que reçoit John Forbes Nash dans A beautiful Mind, etc. Ils meublent l’espace et rendent une scène visuellement véridique-crédible, mais ne présentent pas d’intérêts scénaristiques, ce qui fait qu’on les évoque rarement dans les écrits.

1.9 – Le narrateur

Il s’agit d’un particulier, car il n’a pas obligatoirement de rôle. De ce fait et de mon point de vue, il occupe plutôt une fonction qui peut se cumuler avec les éléments précédents. C’est le cas du narrateur présent dans le récit, principe dit homodiégétique. Ainsi dans les Sherlock Holmes, le Docteur Watson est à la fois l’historiographe et le complément du détective. Dans Le Tour d’écrou de Henry James, on dispose de trois raconteurs : le 1er est passif et ne sert qu’à poser un cadre, le 2d lit le contenu d’un journal, la 3e est actrice dudit journal qu’elle a écrit. Dans le premier tome de l’Assassin Royal et dans l’Île au Trésor, le héros explique qu’il va relater ses souvenirs. Dans le Scarabée de Richard Marsh, trois narrateurs se succèdent et sont des protagonistes clefs de la partie qu’ils présentent. François, dans le Grand Meaulnes d'Alain Fournier, ou Jean Rezeau « Brasse-Bouillon », dans Vipère au poing d'Hervé Bazin, évoquent leurs propres vécus. Chaque personnage important (Dick Hanson, Jens Glenis, Yessica Valdéombre et sa double Yessi, Colorado, etc.) du diptyque des Vers (Les Gueules et l’Enfer) est alternativement et acteur d’une tranche d’histoire. Tout ceci n’est un aspect lié au point de vue narratif, mais fait que ces personnes peuvent va cumuler des attributs (ce qui forme l’un des aspects de la diégèse, telle qu’abordée en narratologie, l’autre étant celui de l’univers interne d’une œuvre).

019 narrateurs

020 narrateurs

1.10 – Autre...

On pourrait me dire que j’omets un autre « type » de rôle, puisqu’on me l’a évoqué il y a peu encore. Certes, pourquoi pas ! Si ce n’est que cela ne conviendrait pas, car il est à cantonner au cinéma et à une technique visuelle : celle de la « motion capture » ou capture de mouvements. Cela ne change rien, d’abord parce qu’elle est généralement utilisée pour des non humains, par exemple, les grands simiens dans la récente série de la Planète des Singes (les Origines, l’Affrontement, Suprématie), Gollum dans Le seigneur des Anneaux, King Kong, des Aliens dans Star Wars, etc. ou dans des animations telles que Le Pôle Express, Monster House, Pourquoi j’ai pas mangé mon père, etc.

Ensuite, parce qu’il ne s’agit que d’une technique optique, pas d’une nouveauté dans l’attribution et la place d’un rôle dans l’histoire.

Ceci dit et, en conclusion de ce premier point, il est édifiant, en reprenant film, livre ou BD dans un esprit « plus critique » de se pencher sur cette différenciation et d’essayer de définir à quelque catégorie tel ou tel personnage appartient. Si cela paraît a priori évident, il y a de quoi s’interroger, en se demandant alors ce qu’il en est. Amusez-vous à le faire, non pas pour coller une étiquette [ce qui serait sans intérêt], mais pour porter un autre regard sur ledit personnage quant à mille détails qui le/la caractérisent. Cela change souvent la vision que l’on en avait. Ceci sera d’ailleurs valable pour la suite et permet quelques approches instructives, surtout si, comme moi, vous vous passionnez pour effets spéciaux cinématographiques, pour la construction scénaristique d’un roman ou d’une BD, et avez donc déjà la curiosité de creuser « la chose ».


2 – Identité et physique

Alors que le concept de rôle peut s’appliquer à n’importe quel support narratif, la partie « identitaire » et « reconnaissance physique », elle, est très différente selon qu’il s’agit d’une forme visuelle (cinéma, BD, dessin animé [DA], anime, manga, comics…) ou écrite (roman, nouvelle, poésie, théâtre [qui est à traiter de manière particulière puisqu’il est l’objet de représentations]).

En effet, dans le premier cas, nous disposons des éléments nécessaires et suffisants (pour la plupart d’entre nous) permettant d’identifier un personnage, que ce soit graphiquement ou par l’intermédiaire d’un acteur.

Dans le cas d’une BD, d’un DA, d’un anime, etc., ceci sera facilité par la capacité du dessinateur à nous offrir un physique et des traits précis, allant parfois jusqu’à une tenue spécifique lorsque le dessin évolue (par exemple, lors de remplacement du dessinateur). Quel que soit celui-ci, Steve Dikto, John Romita (Senior et Junior), Mike Zeck, Humberto Ramos, Olivier Coipel ou Sara Pichelli (il y en a d’autres), SpiderMan se reconnaît toujours avec son costume, même s’il a changé au fil des décennies et des coups de crayon. Spirou a physiquement évolué entre Rob-Vel, Jijé, Franquin, Fournier, Tome, Chivard et autres. Pour autant, sa tenue rouge, ses cheveux roux, un Fantasio à pipe, l’écureuil Spip, etc. restent des identificateurs suffisants, y compris lorsqu’il se retrouve en « super-groom » ou en « petit Spirou ».

 021 Spider man023 Spirou

Pour les curieux, voici quelques liens quand à l'évolution de ces personnages au fil des années et des dessinateurs :

https://universcomics.blogspot.com/2017/08/spider-man-le-top-ten-des-dessinateurs.html

https://www.fanactu.com/univers/marvel/5086-l-evolution-de-spider-man

https://hallowyatt.medium.com/the-evolution-of-spider-man-5942a7e4d979

https://www.caminteresse.fr/questions/pourquoi-spirou-est-il-habille-en-groom/

Certains accessoires visuels font partie intégrante du personnage et facilitent son identification, au-delà du visage et du corps. Exemple : le Capitaine Haddock ou Corto Maltese avec leurs habillements & casquettes de marin, Lucky Luke et sa tenue surannée de cow-boy, Titeuf et sa longue mèche sur son crâne chauve, Ric Hochet et son éternelle veste pied-de-coq, etc.

026 visuel

025 Ric Hochet

Au cinéma, c’est habituellement le visage et donc l’actrice/acteur qui permettent l’identification. Ce qui amène à des points de vue parfois biaisés, car certains se souviennent plus de l’interprète que du rôle tenu. J’ai fréquemment eu des remarques où quelqu’un me parlait d’un personnage, non par son nom, mais par celui de l’actrice ou acteur associé. Ainsi, lors d’un échange sur Le trou noir, film assez classique de 1979 par Gary Nelson, deux copains évoquaient-ils d’Anthony Hopkins, mais ne savaient plus qu’il était le docteur Alex Durant. Idem pour Ernest Borgnine jouant Harry Booth.

027 acteurs

Le trou noir avec de gauche à droite Anthony Hopkins, Joseph Bottoms, Ernest Borgnine et Yvette Mimieux.

J’ai aussi connu le cas inverse avec Sinok Fratelli dans les Goonies, assez peu se rappellent qu’il était joué par feu John Matuszak, dit The Tooz ; il faut dire qu’il était tellement grimé qu’il en était méconnaissable.

028 acteurs

À l’écrit, tout ceci est impossible et hors de propos. Il serait pénible autant qu’irréaliste de détailler physique ou tenue chaque fois qu’un perso est évoqué ou cité.

Seule solution : le décrire suffisamment pour que les lecteurs puissent imaginer son visage et son corps, et lui attribuer un nom qui l’identifie de manière unique dans l’histoire et sera utilisé jusqu’à devenir sa référence.


3 – Personnalité et caractère

Il s’agit ici d’une facette clef d’identification : les traits de caractère/tempérament et la personnalité.

L’auteur a ciselé quelques éléments marquants qui vont le définir clairement : volonté ou inconstance, pugnacité ou laisser-aller, capacité de réagir ou de survie, résilience, veulerie, sournoiserie, opportunisme, compassion et humanisme, sadisme, mépris des autres ou de la vie, etc.

Ce qui importe ici est qu’un trait dominant le représente, même si son caractère se révèle complexe au fur et à mesure que l’histoire évolue. Cela peut être associé à un vocabulaire et une élocution spécifiques, une attitude, un comportement particulier et suffisant pour le reconnaître.

Ainsi Gilbert Gosseyn, dans « Le monde des Ā », parle-t-il peu et en phrases courtes (ce qui est assez fréquent chez Van Vogt) de manière assurée, alors même qu’au début du roman son identité est mise en doute par un commerçant de la petite ville dont il se dit originaire. Kei Arcadia s’exprime avec des tournures plutôt châtiées, car elle fait partie de la noblesse de Calypsiao, son monde natal, bien qu’elle apparaisse dans ses premiers pas comme hésitante et passive ; on en d’ailleurs parfois énervé, à moins que l’on ait pitié d’elle pour cela. Le professeur Lidenbrock, dans Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, parle, lui, avec force exclamations, de façon impatiente et décidée, faisant montre d’une grande énergie et d’une certaine capacité à entraîner les autres. Joe Chip dans Ubik de P.K. Dick fait sans cesse face à de bêtes problèmes personnels, tels que la perte de ses droits au crédit, le refus d’ouverture de sa porte d’entrée qu’il ne peut payer (une référence à cela se trouve dans la nouvelle Votre Sainteté), etc.

029 persos

030 Ubik

Ubik, fan art par Jeidkion

Dans Malevil, Robert Merle décrit le personnage accessoire du notaire, comme un homme usé avec seulement quelques mots :

« Me Gaillac fils entre. Brun, long, jaunâtre et déjà grisonnant. Il m’accueille avec une courtoisie un peu fatiguée. Puis, me tournant le dos, il ouvre un de ses petits tiroirs, y prend un dossier et, dans le dossier, une lettre cachetée de cire qu’avant de me donner il palpe en son centre d’un geste las et furtif, comme s’il s’étonnait de sa minceur. »

Dans le film éponyme – mais divergent – de Christian de Chalonge (1981), Momo, le fils simplet de la Menou (18 ans dans le livre, 30 ans dans le film, puisque joué par Jacques Villeret qui avait cet âge à ce moment-là), est caractérisé par sa manière de parler et de marcher. À l’époque, une phrase qu’il prononce était devenue mème. Alors qu’il attrape une minuscule souris des champs survivante de cette apocalypse, il lance un : « Ah, t’attendais pas, toi. »

031 Malevil

Du même Robert Merle, dans La Mort est mon métier, le personnage du Père n’est d’abord décrit qu’au travers des évocations de Rudolf Lang, alors adolescent de 13 ans. Sans rien connaître de son visage, c’est son caractère et la peur [la terreur] qu’il inspire qui sont mis en avant et permettent de se l’imaginer dès les premières pages, avant que Rudolf ne se présente devant lui.

032 mort

Tous les personnages de groupe sont présentés avec un trait [presque caricatural] qui les caractérise aisément. J’ai souvenir de mes premières lectures de quelques Doc Savage qui est entouré d’une équipe particulière. Non seulement les noms de ses membres, mais leurs activités aussi bien que leurs objets ou animaux de référence les identifiaient au même titre que leur manière de s’exprimer. Ainsi l’avocat et brigadier général Theodore Marley « Ham » Brooks possède-t-il un chimpanzé baptisé Chemistry ainsi qu’une canne à pommeau qui cache une épée redoutable ; ainsi le chimiste et lieutenant-colonel Andrew Blodgett « Monk » Mayfair au corps de « gorille », a-t-il un porcelet nommé Habeas Corpus. Et ces deux-là sont toujours à se chamailler.

033 Equipe savage

La Main, une équipe futuriste, mise en scène par Olivier Deparis dans Main mise sur Jacobar, dont les membres n’ont pas été sans m’évoquer Les justiciers du globe (voir ci-après), possède des personnages hauts en couleur, tels que Laureen Wrrrecht et Tom Fullman, par exemple.

034 main

Dans la société « Les Justiciers du Globe » de Herbert Kranz (avec 2 titres ci-dessus), chaque acteur est désigné par un surnom et des traits assez caricaturaux. La Sardine est un Français qui refuse d’apprendre une autre langue que la sienne. Mannequin est un Allemand, rondelet et au visage lunaire. Plumpudding est un Irlandais athlétique, mais à la tête de gamin, maniéré d’allure, mais parlant comme un docker. Il y a aussi le Chef, le Comte et Gégé Georges Geist qui ont chacun un caractère que vous pouvez aisément deviner.

035 justiciers

 

« Aile rouge contre étoile Bételgeuse » est un court roman SF de Xavier Snoeck (qui a écrit 4 romans SF chez Fleuve Noir sous le pseudonyme de Phil Laramie) paru sous forme de feuilleton en 1966, dans les Spirou 1496 à 1524 et illustré par René Follet. Aile Rouge est un groupe international de jeunes gens dirigé par « Le Grand Patron ». Disposant de riches moyens, d’une organisation digne des services d’espionnage (certains de ses membres proviennent d’ailleurs des armées secrètes de la résistance), Aile Rouge est décrite dans plusieurs histoires (liste ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_Snoeck), mais celle-ci est la seule qui relève de la SF avec des aliens parfaitement humanoïdes. Si ce n’est que pour ceux-ci, il n’y a nul petit doigt à la façon des Envahisseurs ; l’identification est plus amusante, mais moins facile, puisqu’ils ne ressentent aucune douleur quand on appuie énergiquement sur le nerf cubital (celui à l’extérieur du coude, si vous ne connaissiez pas). Les divers personnages sont tous caractérisés par le fait qu’ils s’appellent uniquement par leurs prénoms [sauf le Grand Patron, forcément], possèdent des capacités d’espion-agent-secret de terrain, un fort esprit d’équipe et d’entraide, des airs de troupes scoutes, de komsomol ou de pionniers (les jeunesses communistes dans tous les pays de ce régime, alors que le komsomol était propre à l’ex-URSS), ces deux dernières références étant logiques avec un tel nom d’organisation. Ici, ce ne sont pas les individus les plus importants – même s’ils sont parfaitement identifiés et identifiables dont Jean qui est d’une certaine manière l’acteur clef de cette histoire SF – mais bien Aile rouge elle-même.

036 aile


4 – Histoire personnelle

Partie 1 – Amnésie et quête du passé

Je commencerai par les personnages qui ne connaissent, justement, pas leur propre passé lorsque tout démarre : les amnésiques. Le « truc » est ultra classique, rebattu à souhait, néanmoins intéressant en termes d’énigme et de thriller s’il est bien mené. Il se base généralement sur un schéma assez simple : accident, perte de mémoire et une histoire – en principe dramatique – à reconstruire, bref une quête qui se lance.

Le premier texte qui m’avait marqué dans ce sens est Le Monde des Ā d’A.E. Van Vogt, dans lequel Gilbert Gosseyn réalise que son passé n’est que virtuel et va donc devoir rechercher son identité et la raison de sa volonté de participer au jeu de la Machine. Le second fut celui de la nouvelle We can remember it for you wholesale (Souvenirs à vendre) de P.K. Dick qui a donné les films Total Recall puis Total Recall : Mémoires programmées. Douglas Quail ne comprend pas tout ce qui lui arrive et découvre peu à peu que ses souvenirs ne sont pas les bons ; il lui faudra du temps pour apprendre qu’il a déjà rencontré des extraterrestres lorsqu’il était enfant (une histoire très différente évidemment au cinéma).

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Le troisième fut le thriller de Robert Ludlum, la Mémoire dans la peau, dans lequel Jason Bourne part à la recherche de son identité et découvre peu à peu ses talents cachés d’agent de terrain alors qu’il est poursuivi par le terroriste Carlos, dit le Chacal (le livre date de 1980 quand ce dernier était encore recherché). Deux adaptations ont été tirées de ce roman : un téléfilm avec Richard Chamberlain en 1988 et la triologie avec Matt Damon en 2002 (sans Carlos cette fois-ci, modernisation oblige). Il y en a des dizaines d'autres, tel que Marune: Alastor 933 au sein du cycle d'Alastor, de Jack Vance dont on m'a reparlé suite à la mise en ligne de ce dossier (merci Claude Z.), mais je ne vais pas aller plus loin dans les anciens textes, tellement j'en aurai à indiquer ici.

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Parmi les plus récents, se trouve l’excellente BD XIII (qui reprend ce thème de la Mémoire dans la peau, en l’étirant et l’amplifiant) ainsi que l’intéressant roman Avant d’aller dormir de S. J. Watson, porté à l’écran en 2014 par Rowan Joffé : une personne se réveille chaque matin en ayant tout oublié de son accident et de ce qui a suivi. Pour se « sauver » et se « retrouver », elle va écrire chaque soir, avant de se coucher, ses souvenirs… Une sorte d’Un jour sans fin qui n’a rien de la comédie cultissime, car on y repart chaque fois à zéro ou presque.

039 dormir

L’histoire est tirée d’un fait divers : H.M., suite à une opération, s’est réveillé chaque matin et jusqu’à ses 82 ans en croyant qu’il avait 26 ans et qu’il allait subir ladite opération. Le thème de l’oubli quotidien et de l’amnésie antérograde se retrouve dans des films comme Memento (de Christopher Nolan en 2000) ou Amour et Amnésie (2004).

Sur le plan des personnages, l’idée est à la fois intéressante et casse-gueule. J’ai tendance à effacer de ma mémoire les récits qui ne m’ont pas plu, mais je sais que, parmi celles-ci, certains amnésiques étaient aussi soporifiques qu’un Derrick, au contraire de ceux que j’ai cités.

Pour qui le sujet de l’amnésie, et donc de la quête d’identité, pose questionnement, je place ici quelques titres d’ouvrages. Sinon, il vous suffira de passer directement au point suivant.

Romans abordant l’amnésie comme thème-clef.

La liste est volontairement très réduite, mais vous donnera quelques éléments utiles si vous souhaitez découvrir ce thème ultra-classique, mais que tout le monde n’a pas forcément eu l’occasion de lire. Je commence par quelques policiers :

♦ Un étranger dans le miroir d’Anne Perry,

♦ Mr Brown d’Agatha Christie (dans lequel Jane Finn, une amnésique, a eu en main des documents secrets),

♦ Surgie de nulle part de Giles Blunt,

♦ Mémoire morte de Donald E. Westlake.

Avant de conclure par des titres de SFFF :

♦ Le 3e tome de La transe du crystal d’Anne McCaffrey,

♦ La fameuse Cité des Robots d’Isaac Asimov avec un Derec amnésique,

♦ Paycheck de K. Dick (qui a donné un film éponyme, pas très réussi à mon goût, mais qui existe),

♦ Le classique Château de Lord Valentin de Robert Silverberg,

♦ L’homme à rebours de Philippe Curval,

♦ Danger : mémoire de P-J. Héraut,

♦ etc.

Je ne citerai qu’une BD avec une telle approche, histoire de ne pas faire une liste sans fin tant le thème a été utilisé et ressassé, avec autant de bonheur que de fadeur, celle de Spirou, avec d’une part les Petits Formats où Fantasio et d’autres personnes sont rendus amnésiques, et d’autre part Panade à Champignac où Zorglub est amnésique et redevenu bébé (suite de Z comme Zorglub).

Un aparté pour parler de « l’Enfant tombé des étoiles » de Robert Heinlein. Il ne s’agit pas d’amnésie à proprement parler, mais d’ignorance et Lummox, l’être concerné, est une extraterrestre à huit pattes qui est considérée comme un animal de compagnie – salement encombrante vu la taille de dinosaure qu’elle acquiert en grandissant et le fait qu’elle casse pas mal de choses de ce fait.

040 enfant

Personnellement, je n’ai rien écrit qui relève de l’amnésie. Cela viendra peut-être un jour, mais ce n’est pas dans les tuyaux.

Partie 2 – Histoire définie

Les meilleurs exemples que je puisse donner de personnages au vécu connu et détaillé restent, pour moi [ce qui donc très partial], liés à des romans à la trame de fond historique.

D’abord, au cœur de Fortune de France de Robert Merle [désolé, mais, comme PK Dick, j’ai presque tout lu de lui], celle de Pierre de Siorac, jeune noble huguenot dont on suit la vie depuis ses premiers souvenirs tout enfant, puis celle de son fils Pierre-Emmanuel. Chacun d’eux raconte, au travers de ses mésaventures, l’évolution de la société et des mœurs, ainsi que les événements historiques auxquels ils assistent.

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La seconde est la saga policière de l’ancien ambassadeur Jean-François Parot : Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, durant lesquelles ont suit Nicolas le Floch dès son arrivée à Paris depuis sa Bretagne natale ; une série télé et une BD sont venues compléter ces textes. On apprend petit à petit tout de ses origines, de son éducation à Guérande, de ses études, etc. jusqu’à sa montée en grade au sein du Châtelet où il se retrouve commissaire, usant de méthodes parfois étonnantes dont des autopsies pratiquées par Charles-Henri Sanson, réel bourreau de Paris, avec qui il se lie. Son caractère, ses connaissances, sa culture, ses amis et relations étant présentés de manière récurrente d’un roman à l’autre, le héros devient de plus en plus solide et étoffé, ce qui ajoute au réalisme de certaines références, événements et personnages célèbres (tels, par exemple, que Monsieur de Sartine qui est son chef les premiers temps ou Sanson que je citai plus haut).

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La qualité narrative de ces êtres de fiction fait qu’il leur est consacré une page Wikipédia avec le détail de leurs existences imaginaires, comme de nombreux personnages historiques.

Côté féminin, la plus marquante de mon panthéon reste Ayla, femme Cro-Magnon créée avec une extraordinaire précision et un réalisme saisissant par la romancière Jean M. Auel dans sa saga Les enfants de la Terre. Outre l’intensité de sa vie et de sa survie, d’abord orpheline de 5 ans grièvement blessée, puis avec le Clan, un groupe néandertalien. Je sais qu’un film du premier tome : le clan de l’Ours des Cavernes a été tournée par Michael Chapman, sorti en 1986 sous le titre le Clan de la caverne des ours, mais je n’ai pas eu l’occasion de le visionner. Les suites sont toutes aussi excellentes et restent un plaisir incomparable de lecture, tant par ce qui est présenté de la préhistoire que par la personnalité très complexe et profondément humaine d’Ayla.

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En Fantasy, je ne citerai que quelques exemples de protagonistes qui se construisent et se bonifient tout au long d’un cycle, mais vous avez sans nul doute de quoi en rajouter de manière conséquente. D’abord celui de Fitz Chevalerie Loinvoyant dans l’Assassin Royal de Robin Hobb, (Comment ça ? C'est la 3e fois que je la cite ? Vous êtes sûr ?) dont on suit la vie et les périples depuis ses six ans lorsqu’il est déposé/abandonné seul devant l’entrée du château de Castelcerf jusqu’à sa mort.

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Druss, l’un des virils héros d’une série de romans de David Gemmel [qui ne sont pas parus dans l’ordre chronologique de sa vie], et sa hache Snaga la maudite ; chaque récit permet d’en savoir à chaque fois un peu plus sur le personnage, son caractère entier, son passé, etc. [bien qu’on découvre de légers écarts çà et là]. Il a écrit aussi deux cycles, s’appuyant sur des éléments historiques ou de légendes établies : le Lion de Macédoine, avec le général Parmanéon, dont on ne connaît que fort peu de détails de l’existence. Ou encore Troy avec Hélicon, Prince imaginaire du pays réel de Dardanie.

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Fan art (à droite) de Arne Wilkens

En SF, mon préféré demeure le cycle de Miles Naismith Vorkosigan [c’est encore partial évidemment, mais 3 des 21 romans ont été primés, ce qui n’est pas rien] de Loïs McMaster Bujold. Ce nabot difforme, aux os de verre, va évoluer dans un monde relativement isolé du reste de l’humanité : celui de l’empire barrayan. On le voit vivre, souffrir, se battre, survivre et devenir de plus en plus important de ce monde, malgré tous ses handicaps. Particularité, nous le découvrons avant même qu’il ne soit conçu, donc d’abord au travers de ses parents et de leur étrange amour [il faut dire qu’à la base, ils sont quelque peu ennemis] et la naissance douloureuse dans un incubateur après un attentat au gaz responsable de son état.

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Dans les séries policières, il y a bien sûr des personnages récurrents dont l’histoire, le caractère, la vie autant que leurs époques s’étoffent au fil des parutions. Je citerai en vrac : le commissaire Sveisson de l’Islandais Arnaldur Indridason, l’inspecteur Knut Feld de la Norvégienne Monica Kristensen, Galeran de Lesneven de Viviane Moore, Fidelma de Cashel de Peter Tremayne, Barthélemy et Ysabellis de Laetitia Bourgeois, Gordien de Steven Saylor, Guilhem d’Ussel de Jean d’Aillon, etc., etc.

La liste serait presque interminable.

Dans les westerns, mes premiers exemples comporteront les Dylan Stark du prolifique Pierre Pelot (série que je possède dans la collection Pocket Marabout et que Bragelonne a, depuis, rééditée), les très classiques Blueberry, Durango, Buddy Longway ou Comanche, la BD de Hermann et Greg, ou encore la série Teddy Ted et son taciturne ami l’Apache, de Forton et Lecureux (BD initiée par Kamb et Roy cad Francisco Hidalgo). Pour la petite histoire, Teddy Ted revit actuellement grâce à une collaboration en Gerald Forton et Philippe Cottarel aux éditions Hibou, avec le titre 1899, Deadstone.

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Hors de tout cycle, l’une des difficultés d’un roman [et plus encore d’une novella ou d’une nouvelle] est de rendre un héros-héroïne vivant assez rapidement, puis de le façonner avec le récit. On s’aperçoit au fil de ses lectures qu’un texte, pour être attrayant, doit posséder, à minima, trois bons ingrédients : une narration et un style agréables, une histoire intéressante, construite et suffisamment prenante, ainsi que des PERSONNAGES crédibles et complets, d’une part, auxquels on peut s’attacher, voire s’identifier, d’autre part.

Cette attirance pour les protagonistes d’un récit existe d’abord au travers de ce que j’indiquai (rôle, identité, personnalité…). Ensuite grâce à des évocations plus ou moins détaillées sur leur passé et vécu, leurs références culturelles ou d’éducation, etc. Ces derniers points ne sont pas indispensables, mais apportent souvent des justifications à leurs attitudes et leurs réactions, aussi bien qu’ils renforcent les liens lecteur-personnages.

Le cas de Jim Hawkins dans L’île au Trésor de Stevenson, bien que fréquent, est notable par certaines absences à ce sujet : si on connaît une partie de l’histoire de Jim, on ignore d’une part son âge, d’autre part on ne sait presque rien de ses parents, hormis qu’ils s’occupent de l’auberge de l’Amiral Benbow (amiral ayant réellement existé accessoirement).

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Légèrement à l’opposé, dans l’Ancre de Miséricorde de Pierre Mac Orlan, Yves-Marie Morgat, dit P’tit Morgat, est présenté au fur et à mesure du roman et des détails apparaissent décrivant ses relations avec son père, ce qui contribue à étoffer son personnage. Les deux téléfilms associés rendent parfaitement bien cette découverte, celui de 1959 réalisé par Jean Claude Youri avec l'aide de Pierre Mac Orlan lui-même (film disponible auprès de l’INA) et celui de Bernard d’Abrigeon en 1977 (mon préféré qui, hélas, n’est disponible nulle part) avec antre autre Paul Le Person (le père) et Pascal Sellier (P’tit Morgat).

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Paul Le Person, Myriam Boyer et Pascal Sellier, dans le téléfilm de 1977.

Dans le Tour d’écrou de Henry James, la particularité des personnages est, comme je l’indiquai en introduction, que l’on dispose d’une triple narration : celui qui débute le récit écoute Douglas évoquer le journal d’une gouvernante qui y a transcrit d’étranges événements survenus quand elle s’occupait de deux jeunes orphelins. Le premier rapporteur n’est là que pour présenter la situation et n’a aucun intérêt, on ne saura d’ailleurs rien de lui. Le second, Douglas n’est que le lecteur dudit journal et la gouvernante dont on va découvrir l’histoire n’est finalement que le faire-valoir des enfants, Flora et Miles, et de leur mystérieuse relation avec deux fantômes. Ce point est important, car, comme l’âge de Jim, on ignore tout du nom de cette gouvernante. Il faut attendre que ceux dont elle s’occupe apparaissent dans le récit pour apprendre, petit à petit, ce qu’ils sont, ce qui leur est arrivé, etc., et comprendre que ce sont eux les personnages centraux du roman. Cet aspect n’est pas conservé dans l’excellent film Les innocents de Jack Clayton, sorti au début des années 60, qui retranscrit très bien l’ambiance, mais où la gouvernante s’appelle Miss Giddens [l’absence de patronyme aurait, en effet, rendu très difficiles les dialogues dans lesquels on s’adresse à elle]. Les Autres, film-variation avec Nicole Kidman et réalisée par Alejandro Amenabar, est intéressant par ses personnages, tant par la mère très stricte religieusement parlant que par les deux enfants qui sont photophobes et ne peuvent supporter la lumière du jour.

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Couverture de la BD « le Tour d’écrou » et scène du film « Les Innocents ».

Dans le cycle des Inhibiteurs d’Alastair Reynolds, une série de romans que j’apprécie énormément dans le genre Hard-SF, John Brannigan est un protagoniste clef du 1er tome (L’espace de la Révélation). Son histoire est découverte peu à peu et permet de comprendre sa personnalité assez controversée et complexe puisqu’il a fusionné avec son globe-lumen à cause de la pourriture fondante, mais il va tout faire pour protéger ses passagers et les réfugiés du système de Yellowstone. Cet être hybride est « détruit » peu après ces sauvetages.

Juan « Johnny » T. Rico, dans Étoiles, garde-à-vous de Robert A. Heinlein, est le fils d’une riche famille terrienne, devenu membre de l’infanterie mobile, malgré le rejet de ses parents. Ce seront là les seuls vrais éléments d’informations que l’on aura sur lui, puisque tout débute alors qu’il est déjà à l’Université avec la belle Carmen Ibanez.

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Là encore, il est intéressant de noter que ces deux personnages ont pris suffisamment d’importance au sein de leurs univers d’origine pour disposer de leurs propres fiches sur Wikipédia.


5 – Empathie, sympathie et antipathie

Je pourrais rassembler ici de nombreuses « pathies » (du grec πάθεια, patheia, ce que l’on éprouve). Ils sont liés à ce qu’un auteur a su nous apporter en termes de réactions vis-à-vis d’un personnage clef [j’ignore les autres, sans réel intérêt pour nous].

On notera que ceci pourrait être abordé de deux points de vue différents : celui du perso par rapport à ceux qu’il croise ou avec qui il agit (principe de l’empathie et du relationnel) et celui du lecteur-spectateur (allant de l’affection à l’aversion, et passant par l’indifférence et mille sentiments mitigés).

En commençant par le célébrissime et cultissime (même si ce n’est pas forcément pour tout le monde évidemment) film Blade Runner de Ridley Scott, Rick Deckard fait partie des personnages dont on se sent proche et qui a une certaine bienveillance pour les autres autant qu’il reçoit sympathie de notre part. Idem pour Rachel alors que, tout à l’opposé, nous avons Leon Kowalski.

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Dans le Maître du Haut Château de P.K. Dick (je n’ai pas vu la série télé donc je ne puis en parler, même si les photos ci-après en sont tirées), l’antiquaire Robert Childan n’a rien de très passionnant, bien que beaucoup de personnages soient en contact avec lui, il n’est qu’un nœud relation. À l’opposé, Juliana, personnage important, va, elle, attirer la sympathie, idem pour Frank Frink, qui fut marié à Juliana et se trouve être finalement un magouilleur plus qu’autre chose.

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Dans Inhumaine Contrebande et le Fil du Rasoir, la Capitaine Lo Soyana, au-delà de sa condition de contrebandière, attire à cause de son humanisme et de son éthique, qui l’amène à sauver et adopter Line ; idem pour Doriane, bien que ce soit une ancienne mercenaire et qu’elle n’hésite pas à tuer. Dans Star Wars, Hans Solo, lui aussi contrebandier, plaît par sa gouaille et son personnage macho, mais sympathique. Dans Pearly Gates, roman pulpé de Nicolas Pagès, Daniel Pearly se fait apprécier par cette même faconde et sa capacité à réagir et se sortir de situations complexes, voire folles, alors qu’il est un horrible macho dont on désire parfois botter l’arrière-train. Kei Arcadia se révèle, elle, moins évidente à cerner. On lui accorde sa sympathie et son soutien dans les premiers épisodes de ses aventures, mais elle se montre de plus en plus agaçante, égoïste et blessante, ce qui fait que l’on peut finir par la détester et avoir envie de la baffer ; bien qu’on sache qu’elle a une maladie qui la conduit à la folie, il est difficile de l’excuser. Elle se rattrape un peu à la fin et retrouve enfin son humanité dans l’épilogue après qu’elle ait compris comment elle avait été manipulée.

Dans l’Assassin royal que je citai précédemment, il y a deux personnages qui sont tout à l’opposé l’un de l’autre dans leurs relations avec le héros, Fitz Chevalerie. Le premier est le Fou du roi Subtil qui devient l’ami et l’amoureux de Fitz ; le second est Royal, oncle de Fitz, qui se révèle très vite odieux, cruel et mondain. On apprécie le premier, même si on reste intrigué longtemps quant à ce qu’il est réellement ; on déteste immédiatement le second.

Il est particulièrement amusant et instructif, quand on referme un livre que l’on a savouré, de s’interroger sur les rapports que l’on entretient avec certains personnages et d’en rechercher l’origine : qu’est-ce qui a provoqué l’attirance ou la répulsion et, donc, à quel moment cela est-il survenu ? Ensuite de se reposer la question s’il y a changement de vision, dans le cas du « gentil » qui devient « méchant », traître (ce dernier truc étant tellement éculé qu’il m’horripile souvent) ou que sais-je, aussi bien que dans le cas inverse, quand le « gentil » qui se rend détestable (un peu comme Kei qui devient plutôt pénible, plus que méchante). Bien évidemment, ce concept de « gentil » et « méchant » n’existe pas vraiment dès lors que l’auteur a vraiment construit ses persos, tant est grande la complexité humaine, mais je l’utilise par simplification.

Pour ma part, en refermant le livre Le parfum de Patrick Süskind, j’ai dû reprendre quelques passages pour essayer de comprendre quand mes impressions envers Jean Baptiste Grenouille ont pu évoluer et se transformer plusieurs fois. Né dans la fange et « sans odeur corporelle », ce dernier se révèle être un « nez » extrême et va devenir, au fil de l’histoire, un meurtrier à la recherche du parfum suprême autant qu’à celle de sa propre odeur. Le film de Tom Tyker (2006), avec Ben Whishaw et Dustin Hoffman, est d’ailleurs une excellente adaptation de cette complexité et morbidité.

056 parfum

Ayant revu récemment, le film Strange Days de Kathryn Bigelow (1995), j’ai retrouvé le fait que le personnage de Max Peltier apparaissait dès le début désagréable et n’attirant pas vraiment la sympathie, ce que confirme la fin, face à un Lenny Nero qui refuse la violence et la fuit au maximum.

057 strange


6 – Quelques cas particuliers

Le premier qui me paraît intéressant est le « non-personnage ». Le meilleur exemple est l’humain de Chanur (que j'ai cité précedemment) qui reste un mystère tout au long de l’histoire sous le nom de Tully. Il n’apparaît que rarement, n’a guère de vocabulaire [il a besoin d’un traducteur automatique bricolé pour cela] ; il n’a pas de rôle en soi, mais sa présence et son existence sont les déclencheurs de tous les événements qui surviennent, nés d’une part de la peur engendrée par la découverte d’une huitième race jusqu’alors inconnue [les humains] et d’autre part par l’envie de Pyanfar Chanur de damer le pion aux Kifs. Il faut attendre les derniers romans du cycle pour qu’il s’étoffe un peu et que d’autres humains apparaissent.

058 Chanur

Le second est celui des robots, androïdes et IA dont l’allure et le comportement sont souvent calqués sur le nôtre. Ceci est, à la base, logique puisqu’ils sont créés par nous, mais l’intérêt qu’ils présentent réside parfois dans leur recherche d’une certaine « humanité » (rire, sentiments, etc.) ou dans le fait qu’ils se définissent comme à part, voire protecteurs ou destructeurs de leurs concepteurs {mes propres androïdes comme ceux d'Asimov n'étant pas destructeurs à la base). Dans le cas des premiers, je mettrai Gerulf (la Reine du Diable Rouge, Un cerveau d’yttrium), Data de STNG (tous deux ayant un lien évidemment), Colorado (du diptyque des Vers), Andrew de L’homme bicentenaire (tiré de The Positronic Man, elle-même issue de The Bicentennial Man), David de A.I. Intelligence artificielle, etc.

059 bicentenaire

Le troisième est celui des inhabituels, c’est-à-dire de ceux qui sont différents soient physiquement de ce que l’on voit plus fréquemment [par exemple avec les freaks], soit psychologiquement. Pour les premiers, j’ai cité Sinok Fratelli dans les Goonies, auquel il faut ajouter Joseph Merrick d’Elephant Man de David Lynch, Paul Williams et Winslow Leach dans Phantom of the Paradise de Brian de Palma, etc.

060 inhabituels

Pour les seconds, je citerai Les plus qu’humains de Théodore Sturgeon, avec Tousseul, Bonnie et Beanie, Janie et Bébé [la nouvelle Aubeline dans la fosse aux monstres de Pierre Stolze, dans le recueil FreakShow paru chez Armada, en est une sorte d’hommage]. Ainsi que La nuit des Enfants-Rois de Bernard Lenteric avec ces 7 adolescents-génies qui ne sont qu’un seul esprit face à Jimbo Farrar. Je peux rajouter quelques films qui ont permis de faire connaître au public et, peut-être de mieux réagir vis-à-vis de certaines maladies, avec le Huitième jour de Jaco Van Dormael avec Georges ou Code Mercury d’Harold Becker avec Simon Lynch. Dans Rain Man de Barry Levinson, Raymond Babbit, interprêté par Dustin Hoffman, est atteint du syndrome du savant.

061 inhabituels

062 inhabituels

La nuit des enfants-rois, fanart de Leroy Vanilla

Un cas à part est celui de La main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin. Les humains de Nivôse ont évolué de façon particulière et ne sont sexués que par périodes et de manière aléatoire. Dans cette œuvre magistrale, c’est Genly Aï, le Terrien, qui devient un « monstre » par son « blocage hormonal » en tant que mâle.

063 main gauche

Le dernier que je citerai est celui des aliens anthropomorphes qui, non seulement, ont une allure proche de celles des humains ou de certains mammifères terrestres (une tête, deux bras, deux jambes : cas de Chanur qui est une Hani, ceux-ci ayant une apparence léonine), mais aussi des facondes et attitudes humaines. Je pense notamment aux nombreuses races extraterrestres de Babylon 5 : les Centauris, dont le célèbre Londo Mollari, les Narns et son ambassadeur Gkar, les Minbaris avec Deleen, etc. J’y ajoute quelques autres du docteur Who (série qui compte beaucoup de peuples non humanoïdes) tels que les Gelths, les Hoix, les Juddoons, les Kahlers dont le cyborg Pistolero, etc.

064 Babylon5

En final, même si je n’ai esquissé ici que quelques traits et cité quelques personnages tirés de films, livres, BD, séries, vous avez, très certainement et de votre côté, votre propre galerie et, si ce n’est le cas, c’est l’occasion de la brosser ou de la compléter en y apportant un autre regard peut-être.


7 – Personnages gapdiens.

En annexe, des pages consacrées à ceux de mes textes vont, peu à peu, voir le jour ; Jean-Mathias Xavier, l’illustrateur entre autres d’Inhumaine Contrebande et du Fil du Rasoir, en dessine actuellement les portraits. Tous ont pour particularités d’être identifiés, décrits physiquement, d’avoir une personnalité et un caractère parfaitement définis, et disposant d’une histoire et d’un vécu connus ; pour ces dernières, j’ai été jusqu’à préciser leur date et lieu de naissance, leurs métiers, leurs manières de s’exprimer, etc.

Donc, dans quelque temps, lorsque tout sera mis en place, ce chapitre deviendra un lien vers lesdites pages.

100 gapdy

Let's twist again

Détails
Catégorie : Dossiers & réflexions
Publication : 25 mai 2022
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  • Méthode
  • Dossier
  • Réflexion

Let’s twist again

twist
Pochette du disque Freedom Fables de Nubiyan Twist

Voici un dossier un peu particulier puisqu’il présente des points de vue très personnels sur les « retournements de situation », basés sur des explications plus ou moins officielles ou reconnues, mais complétées de détails de mon cru et de quelques exemples issus d’œuvres littéraires en tous genres aussi bien que de cinéma et ou BD.

AVERTISSEMENT : Notez que la plupart de ces exemples « spoilent » bien évidemment et honteusement certaines intrigues des textes, BD ou films concernés ; j’ai donc essayé de limiter leur nombre, histoire de ne pas trop étaler de divulgachage pour qui ne les connaîtrait pas. De même, les références en question sont précédées d’une icône d’alerte rouge :  Spoil Alerte ico 16

Si vous détester les spoils, ne voulez rien savoir de ce que je pourrais révéler – que ce soit dans des œuvres de tiers ou dans certains de mes écrits – parce que vous ne les avez pas encore vus ou lus, il sera préférable de zapper ce dossier… mais chacun fait (c’qui lui plaît) comme chantait Chagrin d’amour en 1981.

Je me permettrai d’aborder 6 points qui, selon les idées des uns ou des autres, les vôtres peut-être, peuvent se recouper, voire faire double sens. Pour ma part, je vous les présente en fonction de ce que j’utilise dans mes textes aussi bien que dans mon mode de travail :

      1. le twist ou retournement de situation (intermédiaire),
      2. le twist final ou chute,
      3. la révélation et la compréhension,
      4. le coup de théâtre,
      5. le Deus ex machina,
      6. les points de vue narratifs et leurs incidences sur ces éléments.

Le retournement de situation, twist ou rebondissement

Il s’agit d’un changement plus ou moins brutal, souvent peu prévisible, qui va modifier l’histoire ou l’intrigue.

Dans un policier, ce sera par exemple, la découverte d’un nouvel indice qui se révèle contradictoire avec les hypothèses de l’enquêteur ou du détective, du cadavre d’un suspect soupçonné d’être l’assassin ou le responsable d’un crime, etc.

À cause de cela, l’idée à laquelle on s’était patiemment accroché va se retrouver déplacée, voire totalement inversée. Pour rester dans le polar, cela pourrait signifier qu’on s’est fourvoyé dans une fausse piste et qu’il faut remettre en cause son analyse. Non seulement pour le personnage concerné, mais aussi pour le lecteur.

Il y a plusieurs façons d’amener un twist. Personnellement, j'en ai identifié trois que j'utilise dans mes écrits et toutes trois dépendent du point de vue narratif, ce que j'écris PdV sous forme d’acronyme.

Première forme : l’exemple classique est celui de certains romans noirs dans lequel le PdV est celui du détective-narrateur. Cas de Philip Marlowe, héros de Raymond Chandler, qui raconte lui-même ses aventures. Les retournements de situation sont alors liés aux découvertes qu’il fait et on suit le cheminement de sa pensée qu’il explique plus ou moins. On dispose régulièrement d’indices ou de détails qui permettent de ne pas basculer sans cesse dans le coup de théâtre.

 Spoil Alerte ico 16 Ainsi, dans la première enquête qu’est Le Grand Sommeil, on a eu twist lorsque Carmen tire sur Marlowe avec le revolver qu’il lui remet un peu avant la fin du roman. Le prétexte avancé est de lui apprendre à se défendre ; la surprise réduite existe, mais on y est plus ou moins préparé, car la « folie » de la jeune femme est perceptible depuis plusieurs chapitres. Ce twist amène à conforter les conclusions de Marlowe et la résolution de l’énigme.

malte

 Spoil Alerte ico 16 Je pourrai ajouter les multiples twists présents dans Le faucon de Malte de Dashiell Hammett. Que ce soit le fait que Miss O’Shaughnessy – qui s’est d’abord présentée sous le faux nom de Wonderly – connaisse Joel Cairo, qu’elle possède la statue recherchée, etc.

Nestor Burma, personnage de Léo Malet, adopte lui aussi ce point de vue du détective narrateur [dans le même genre un dur à cuire ou « hardboiled »]. Personnage et faconde que l’on retrouve dans la série télé éponyme sous les traits de Guy Marchand et dans les BD de Moynot.

nestor burma

Bien sûr, un « sous cas » classique est le conteur qui participe à l’action ou à l’enquête, mais n’en est pas le héros principal. Le docteur Watson avec Sherlock Holmes ou le Capitaine Hastings avec Hercule Poirot font partie des références de bases.

holmes poirot

Le « truc » qui peut « coincer » dans l'usage de cette forme, c’est que ce point de vue est parfois biaisé dans certaines œuvres. À savoir que le narrateur ne nous dit pas tout et que, dans ce cas, on se retrouve couillonné par cette tricherie si l’histoire n’est pas présentée correctement. Ce dont a fréquemment usé Arthur Conan Doyle avec des éléments non totalement précisés ou pour ressusciter son héros bien qu’il ait tenté de s’en débarrasser en le faisant « mourir » avec Moriarty. Agatha Christie nous donne plus d’indices que recueille et qu’interprète son détective belge et dont il nous distille avec sa légendaire fatuité le détail à la fin de ses enquêtes. Ce point de vue est adopté – sans emploi de la 1re personne – dans les œuvres de Simenon relative à son commissaire Jules Maigret, mais aussi dans la série télévision « Les 5 dernières minutes » avec Raymond Souplex et la réplique culte du commissaire Bourrel : « Bon Dieu ! Mais c’est… Bien sûr ! ».

Second cas : c’est le mélange des points de vue. Il consiste à intercaler des instants/périodes (plus ou moins longs) où le protagoniste est narrateur avec ceux où il existe un observateur omniscient. On bascule de passages à la 1re personne avec d’autres à la troisième.

La génialissime BD « BlackSad » emploie cette forme de narration et un double PdV.

 Spoil Alerte ico 16 Dans le premier épisode, un premier twist se produit lorsque deux malabars (Rhinocéros et Ours) viennent brusquement l’encadrer et lui flanquer une dérouillée dans le cimetière. Le très-très méchant de l’histoire lui donne un avertissement, sans le tuer, alors qu’on aurait pu penser que c’est ce qu’il avait programmé. Plus tard, un second twist se présente : le Lézard débarque chez BlackSad, mais se trouve exécuté alors qu’il a placé le canon devant la tête de ce dernier pour le descendre. Ce qui signifie que « quelqu’un » suit et protège notre détective, ce qui n’était pas évident. Particularité de cette BD, on a donc deux points de vue : celui de BlackSad et celui d’un observateur omniscient qui assiste à plusieurs scènes hors de la présence du héros.

blacksad

Il existe aussi la possibilité de se retrouver en mode « choral », c’est-à-dire d'avoir plusieurs narrateurs qui ont chacun leurs visions de la situation. [On peut alors voir cohabiter choral et observateur externe, quoiqu’il ne me vienne aucun exemple à ce sujet, donc je ne m’en occuperai pas.]

C’est le cas de Les gueules des vers et de L’enfer des vers, j’essaie de donner au travers des pensées et récits de chaque acteur les indices qui amènent aux twists.

Spoil Alerte ico 16 Le plus « gros retournement » est celui qui découle du croisement de deux situations  : la découverte de Mirus d'une part et la perte partielle de mémoires de personnages dupliquées d'autre part, ainsi que… (le spoil est trop gros, donc je le tairai). En réunissant ces deux éléments et en faisant attention à un entrefilet médiatique ainsi qu’aux explications de Stella, on a ce qu’il faut pour se dire que… Pas de narrateur omniscient ici, mais des changements d’approche et de présentation à chaque chapitre entre les dix figures clefs de l’histoire (Dick, Jens, Colorado, Michaël, Audrey, Yessica, Yessi, Anaïs, Damienzo et Stella), chacun s’exprimant à la 1re personne, et le tout emmaillé de points de vue externes avec des articles issus des médias et encyclopédies des diverses décennies que traversent ces deux romans

Dans les enquêtes de Gerulf (que ce soit, pour l’instant, la Reine du Diable Rouge ou Un cerveau d’yttrium), seuls les deux frères Gerulf délivrent le détail de leurs investigations et déboires. Ce qui signifie que les twists sont liés à leurs découvertes, et donc chaque fois les indices nécessaires pour anticiper ses retournements sont posés. Aucun acteur externe n'intervient dans le récit.

Spoil Alerte ico 16 Exemple de twist qu'ils expliquent et détaillent, celui de la fuite d’Alexis en vue voyager avec la professeure Maller.

Troisième cas : dans celui-ci, le lecteur-spectateur est face à une narration omnisciente. C’est un regard extérieur qui est porté sur des scènes, des lieux et moments différents pour qu’il obtienne tous les détails de l’histoire ou de l’intrigue. On découvre donc le twist en ayant certaines cartes en main, sans forcément que le ou les personnages concernés soient au courant de la situation. La surprise frappera autant lesdits personnages que le lecteur.

 Spoil Alerte ico 16 Exemple avec le tome 1 de la BD Les aventures de Karen Springwell – Convoi™, dans lequel le père de Karen explose littéralement et de manière incompréhensible face à un jouet provenant des premières colonies. Ce qui va amener à un début d’informations quant au président Melderson et au retournement de point de vue de ce père alors que Karen, elle, commençait à accepter ledit président. Ni le lecteur ni Karen ne savent ce qu'il en est réellement.

karen

 Spoil Alerte ico 16 Autre exemple, celui fort connu de Terminator 2, puisque le Terminator interprété par Arnold Schwarzenegger réapparaît en tant que gentil, venu aider Sarah et son fils. Ni ces derniers ni le spectateur ne le savent dans un premier temps.

terminator

 Spoil Alerte ico 16 Ou dans  le Retour de la Momie, le fait que Evelyn « Evy » Carnahan O’Connell se révèle être la réincarnation de la Princesse Nefertiri, sœur d’Anck-Su-Namun, amante d’Imhotep. Surprise pour Richard O'Connel et pour le spectateur.

momie

Robert Ludlum (avec La mémoire dans la peau, Osterman Week-end, etc.) usait à foison de retournements de situation dans ses romans, autant que des coups de théâtre. Alistair MacLean utilisait parfois les mêmes ficelles d'une roman à l'autre, ce qui fait que l’on finit par s’attendre à certaines d'entre elles. On retrouve ainsi régulièrement le traître à l’intérieur du groupe, que ce soit dans Destination Zebra, Station polaire, dans Les Canons de Navarone ou Quand les aigles attaquent.

ludlum

maclean


Le twist final ou chute

Par rapport au twist intermédiaire, il s’agit là d’un retournement qui se produit à la fin et non en plein milieu de l’histoire. Le récit en est au dénouement, à sa conclusion et donc cela n’impacte que « le moment présent », même si les répercutions se feraient sentir dans la suite des événements, nous ne pourrions que les imaginer. L’idée est, ici, de bluffer le lecteur ou spectateur qui se retrouve en principe plus que berné s’il n’a pas fait attention à certaines choses, trop embarqué dans cette histoire. C’est un procédé là-aussi classique et, que je considère comme quasiment indispensable à une nouvelle ou novella,

Il est, hélas, fréquemment dénaturé dans bon nombre de films d’horreur en vue d'autoriser une suite : le ou les méchants ne sont pas morts, le ou leurs descendants sont encore là pour les venger, etc.Pour ces films-là et de mon point de vue, bof… c'est bâché et rabâché, au point qu’il n’y a plus ni surprise ni frisson. Mais cela fait sans doute parti d’un élément devenu une base, ce qui va parfois de pair avec le fait que la petite troupe de djeunes qui commence à se faire décimer se sépare toujours par groupe de 2… comme dit le sketch de Bigard.

Le bon docteur Asimov aimait bien, lui, écrire des nouvelles à chutes, des histoires dont le dénouement n’était pas spécialement celui que l’on attendait.

Personnellement, j’apprécie énormément ce procédé. Celles et ceux qui ont bien saisi mon univers ou qui enchaînent les textes s’y laissent un peu moins prendre. Pour autant, il est non seulement intéressant, mais parfois indispensable, de surprendre lors d'un final. On offre ainsi un plaisir supplémentaire au lecteur. Je citerai une interview réalisée à mes débuts auprès d’Erik Vaucey – on m’excusera de m’autoréférencer :

Une nouvelle, elle, doit accrocher dès les premiers mots. Elle est un « abracadabra », un « supercalifragilisticexpidélilicieux », une formule magique qui doit vous enlever, vous kidnapper dans un autre univers, dans une aventure, un événement sans que vous puissiez en lever les yeux avant le dernier mot… Elle ne doit pas vous laisser le temps de respirer. C’est une attaque à mots armés de votre esprit ; il faut faire vite, l’empêcher de réagir, lui interdire d’appeler la raison… Elle est le gang, l’équipe à Bonnot qui fonce, qui vous détourne de ce monde dans son monde à elle, qui vous enlève jusqu’à l’apothéose finale, jusqu’à la tuerie de Choisy-le-Roi… Elle doit vous laisser pantois, étonné, interrogatif, incrédule alors que le point ultime tombe, alors que, goguenarde, elle vous doit pouvoir ironiser en disant : « Je t’ai bien eu, hein ? ».

bande bonnot

C’est un peu ce qui se produit dans chaque nouvelle du recueil « Aliens, vaisseau et Cie  », hommage à Philip K. Dick qui avait quelques superbes twists dans ses textes.

Spoil Alerte ico 16 Pour ne citer qu’un exemple (afin de ne pas me lancer sur cet auteur, au risque d’être intarissable), relisez Docteur Futur (Doctor Futurity)  dans lequel le héros découvre ses propres enfants venus du futur pour le sauver alors que lui-même provient du passé.

dr futurity

Personnellement, mais vous en aurez sans doute d’autres, je considère que les fins peuvent se répartir selon trois formes principales :

  1. Une fin « définitive », à savoir qu’auteurs ou scénaristes font que l’on n’attendra pas forcément une suite. C’est le principe du One-Shot ; c’est le cas de chaque texte d’Aliens, Vaisseau et Cie aussi bien que celles parues dans les tournois de Nouveau Monde.
  2. Une fin ouverte implicite, cette fois-ci, les derniers instants laissent place soit à l’imagination du lecteur/spectateur, soit à l’auteur qui s’est dégagé un moyen de poursuivre l’histoire. Inhumaine Contrebande s’achève avec ces deux possibilités.
  3. Une fin ouverte explicite, voire clairement exprimée. J’ai utilisé cela dans l’Enfer des Vers en indiquant l’arrivée prochaine de Les murailles du temps – même si cette histoire pourra se lire indépendamment du diptyque des Vers. Idem dans La Reine du Diable Rouge, dont les chapitres ultimes préparent le retour des Gerulf ; Thomas et Alexis citent le nom de BY, le petit robot d’Un cerveau d’yttrium. Et la fin de celui-ci se fait sur une demande concernant une nouvelle disparition et l'annonce d'une troisième enquête.

Je vais rester avec K.Dick, mais côté films en évoquant deux d'entre eux.

Spoil Alerte ico 16 Dans  Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de mouton), la dernière scène est une ébauche de twist avec la fuite de Deckard et Rachel, suite au passage de Gaff, marqué par son origami de licorne, qui ne tue donc pas la réplicante. Ce départ permet ouverture et questionnement, en autres pour savoir si notre blade runner est lui-même un répliquant ou non.

blade runner1

blade runner2

Spoil Alerte ico 16 Dans Total Recall (tiré de Souvenirs à vendre), après le coup de théâtre relatif où l’on découvre que Douglas Quaid a accepté de voir sa mémoire modifiée pour infiltrer les résistants puis le fait qu’une machine extraterrestre est présente sur Mars, la fin comporte un twist particulier puisque Quaid parvient à activer ladite machine et à faire (en un temps record, on est d’accord) générer une atmosphère respirable, évitant ainsi que lui et Melina ne meurent. L’événement permet de changer totalement l’habitabilité de la planète et donc sa colonisation, aussi bien que de sauver les dissidents.

total recall

Les nouvelles à chute parmi mes écrits sont par exemple : celle de Nouvel Avenir qui ouvre un monde de possibles (en spinoff), celle de Sybriski qui vise à une spirale infinie et répétitive, à l’image d’Un jour sans fin (Le jour de la marmotte), Irréprochable propreté qui boucle sur un élément expliquant une remarque de l’héroïne en tout début.

Spoil Alerte ico 16 Parmi les fins qui apparaissent maintenant éculées ou éventées, on trouve celle d’Ils étaient dix (anciennement Dix petits nègres ou And then there were none aux US), roman dans lequel le narrateur se révèle être l’assassin. Aujourd’hui, cette forme est considérée comme de moins en moins plausible-crédible tenant du subterfuge ou de la facilité littéraire, pour avoir été trop souvent utilisée. Pour ma part, j’ai intégré ledit subterfuge dans l’une de mes nouvelles – dont je tairai le titre. Quatre personnes m’ayant indiqué qu’ils se sont fait avoir, je me dis que le truc marche encore pourvu qu’on l’amène correctement, en l’accompagnant de twists suffisants à détourner le lecteur de cette idée et en expliquant absolument tout à la fin, comme le fit Agatha Christie.

10 christie

Spoil Alerte ico 16 Une fin qui m’a laissé dubitatif est celle du film de le La planète des singes ; il fait partie des quelques exceptions où j’ai connu le livre a posteriori [un roman de Pierre Boule]. La découverte de la statue de la Liberté ayant chu de sa position et se retrouvant à demi enfouie dans la mer et le sable de la plage ne pas fait grand effet. Il m’était évident avec tout ce qui présenté auparavant que l’on était sur Terre. Ma seule hésitation était de savoir si nous étions dans un monde parallèle et dans un futur de notre univers. Mais on penche vite pour la deuxième solution à cause de la langue (Taylor et les grands singes se comprennent), des tenues, des armes, des chevaux et de leurs harnachements, des fouilles, etc. Bref, cela ne m’a fait ni chaud ni froid, ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier le film et de toujours le considérer avec le livre comme superbe. La scène est de toute façon dévoyée par le fait qu’elle ait été utilisée ad nauseam en affiche et couverture de nombreuses rééditions.

planete singe

Spoil Alerte ico 16 À contrario, pour garder une référence SF avec le même Charlton Heston, Soleil vert, film comme roman [écrit par Harry Harrison], dispose d’une excellente conclusion. On devine, on a des soupçons, mais pas assez pour franchir le pas et comprendre la sorte de cannibalisme associée à la production du Soylent Green [disponible uniquement le mardi dans votre banque alimentaire]. Tout se termine en un mélange de twist et de coup de théâtre, voire même coup de massue si on n’a pas assez prêté attention à plusieurs détails.

soleil vert

J'aurais pu ajouter des dizaines de références, tels qu'Usual Suspects dont la fin est à tomber par terre, tellement suprenante d'ailleurs qu'il est difficille de le regarder une seconde fois sans perdre cette suprise. Bref, une révélation finale qui se déroule avec deux plans parallèles et deux acteurs en alternance. Entre ce que découvre incrédule le flic Kujan après l'interrogatoire et la transformation physique de Kint au fur et à mesure qu'il s'éloigne du commissariat, on a une fin particulièrement bluffante ! A voir si vous n'avez jamais regardé ce film bourré de twists géniaux.

usuals suspects


Le coup de théâtre

C’est là que je risque avoir de grands cris d’orfraie en plaçant ceci à part, certains considérant que ce n’est qu’un autre terme désignant la même chose.

coup theatre

Pour ma part, je fais un distinguo : j’estime que le twist doit être amené et associé à des indices, des détails posés çà et là. Ainsi, pour la machine extraterrestre de Total Recall, on peut comprendre que, si elle est évoquée, c’est forcément qu’elle va être activée et cette utilisation par Quaid est dans la logique de l’histoire à ce stade. A l'inverse, on n'est pas préparé au coup de théâtre (que je différencie très légèrement – je chipote sans doute encore – avec l’idée de révélation telle qu’exprimée plus loin).

Spoil Alerte ico 16 Toujours dans Total Recall, j’ai cité au-dessus deux grands chocs : Quaid est présenté comme un espion infiltré, nommé Hauser et travaillant pour l’affreux Cohaagen (c’est l’un des méchants, vous le savez),  ensuite le fait que Kuato signale la présence du réacteur martien et la nécessité d’en enclencher le mécanisme.

Dans tous les cas, que ce soit twist (donc associé à des indices qu’ils soient physiques, événementiels, historiques, etc. ou des traits de caractère particuliers des personnages) ou coup de théâtre (a priori imprévisible), ces deux éléments doivent servir l’histoire, y être parfaitement enchâssés et ne provoquer aucune invraisemblance quant à leur légitimité. Il faut impérativement que le lecteur puisse s’y retrouver et que tout (ou presque) lui soit expliqué, que cela soit logique et conforme à une ou à un ensemble de situations (politique, géographique, sociale, d’époque, etc.) sans les remettre en cause.

Si ce n’est pas le cas, on tombe dans le deus ex machina (voir plus loin).

Pour reprendre quelques-uns de mes écrits, je citerai en coup de théâtre :

Spoil Alerte ico 16 la découverte de Mirus par Dick, Yessica et Colorado dans les Gueules des Vers. Ou la nouvelle Surveillance qui a donné naissance à la Reine du Diable Rouge et en constitue le premier chapitre. Dans cette dernière, la surprise était d’une part l’apparition d’Alexis clone de Thomas et bioandroïde, d’autre part le fait que Gerulf soit un androïde alors que tout laissait penser qu’il était humain (j'avoue avoir joué sur l'antropocentrisme que nous avons souvent). Si je spoile la nouvelle avec cela, il n’en est rien pour le roman, puisque ces points sont expliqués dès les premières pages de ce dernier.

mirus

Là encore, on trouve un peu de tout dans l’usage du coup de théâtre, du bon, du moyen et du mauvais, voire pire. Ce, bien sûr, suivant les goûts et les façons de lire de chacun.

Personnellement, je ne citerai qu’un exemple médian – même si j’en ai beaucoup en tête – celui de L’année du Lion, roman post-apocalyptique de Deon Meyer.

annee lion

Spoil Alerte ico 16 L’annonce vers la fin que le virus [le viruscorona] a été créé et diffusé volontairement, entre autres par la mère du jeune héros lui-même [sympa la mater, qui n’a pas de honte à tuer jusqu’à sa famille] pour réduire la population humaine et permettre de sauver la Terre, sa faune et sa flore. Tel qu’il est amené et présenté, j’ai trouvé que cela faisait l’effet d’un cheveu tombant dans la soupe et manquait cruellement de réelles justifications. Ce qui n’empêche pas le roman d’être très bien et de se laisser lire jusqu’au bout. Mais bon…

Ajouterai-je des variantes comme le coup fourré ou celui de Jarnac ? Ce serait pinailler. Ces termes sont tous deux issus de l’escrime et indiquent une ruse déloyale, une traîtrise voire un fait violent et pernicieux. Dans ce dernier cas, moins agréable, cela reviendrait à placer un événement préjudiciable à l’histoire ou à l’adhésion du lecteur-spectateur, ce qui n’est guère souhaitable.

Spoil Alerte ico 16 Pour autant, je reconnais avoir utilisé cette ruse dans la Reine du Diable Rouge, mais sans préjudice pour les lecteurs, au contraire me semble-t-il. En effet, lors de sa fausse arrestation sur Lune et de son face-à-face avec un avaleur quantique, l’IA de mon premier androïde se retrouve dupliquée. Ce qui, théoriquement est possible, puisqu’après tout, une IA n’est qu’une suite de programmes et modules numériquantique. Par contre, l'opération est fort complexe et risquée dans l’univers de SysSol ainsi que je l’explique. Par ce subterfuge, j'ai pu doubler l’activité et les points de vue. Deux Gerulf et donc de deux regards, certes semblables, mais dissociés dans l’espace et le temps pour leurs enquêtes. De quoi contrevenir à l’une des règles de base du polar édictée par Jorge Luis Borges qui veut que l’on soit avare de moyens et que l’on évite le don d’ubiquité.


La révélation ou la compréhension

De mon point de vue – là encore, certains ne seront pas d’accord – je les différencie des éléments précédents par deux facettes particulières. Ce qui permet de mieux organiser ce que je mets dans mes textes en termes d’écriture.

Premier aspect : un twist ou un coup de théâtre est généré, pour ce qui me concerne, par un facteur extérieur (cas de Mirus dans les Vers, cas du duplicateur d’IA pour Gerulf, etc.) ; la révélation, elle, est un événement, une information qui provient de « l’intérieur ».

C’est-à-dire qu’un personnage participant directement à l’intrigue ou l’action va avouer / exposer un fait (ou une pensée, etc.) important qui modifie le cours de l’histoire.

Ce qui amène à ce deuxième aspect : un changement du regard porté sur des éléments antérieurs. On dévoile un pan du passé et on voit différemment ce qui s’est produit jusqu’à maintenant, certaines réactions de l’un ou l’autre des protagonistes, etc.

Spoil Alerte ico 16 Ainsi dans Inhumaine Contrebande, la Capitaine Li Soyana ressasse parfois les drames vécus dans sa vie d’adolescente puis dans ses premières années de jeune femme. Elle se confie peu à peu sur son caractère et son état d’esprit. Ce qui vient en justification d’un twist particulier et ses raisons de garder Line à ses côtés et de l’élever. Ce n’est donc pas forcément quelque chose qui modifie le cours de l’histoire ou sa fin, mais change le regard porté sur ce qui est déjà survenu. Idem avec le passé de Doriane et sa manière de se comporter et d’agir.

inhumaine contrebande

La compréhension est légèrement différente : ce ne sont pas des confidences, confessions, etc. faites au lecteur-spectateur, mais la prise de conscience d’un personnage qui se rend compte qu’il disposait d’éléments suffisants pour appréhender une situation, un événement, mais qu’il ne le réalise ou ne l’explique que bien plus tard. C’est le fameux « Bon Dieu… mais c’est bien sûr » de Raymond Souplex.

souplex

Spoil Alerte ico 16 C’est le cas pour Gerulf face au rôle joué par Miss Xiānhuā Xiãn Di et sa condition cachée d’officière du SSR (le service de renseignement de la Spatiale). De même, Soyana et Doriane devinent peu à peu ce qu’il s’est réellement passé avec les jeunes clonés montés à bord du Circaète ; lorsqu’elles se l’avoueront mutuellement au dernier chapitre, le regard porté sur Line changera et certaines attitudes des deux contrebandières s’expliqueront alors.

Une révélation/compréhension peut bien évidemment générer un twist et/ou un coup de théâtre. Ce qui peut être un tournant très fort de l’histoire, sous réserve de ne pas noyer le lecteur-spectateur en lui sortant du haut de forme, brutalement et simultanément, trop de cartes, ce qui risque de le perdre, voire de le faire abandonner l'histoire.

Spoil Alerte ico 16 L’un des meilleurs couples compréhension/twist final reste, pour moi, celui de Sixième Sens de M. Night Shyamalan. Tout est concentré dans l’instant où le Dr Malcolm Crowe prend conscience qu’il est mort, après que le jeune garçon lui ait conseillé de parler à son épouse et le chute de son alliance qu’il était persuadé de porter. Ce moment où, par un formidable flashback, il revit la scène de son meurtre et qu’il réalise être, de ce fait, un fantôme tels ceux perçus par Cole grâce à son don. Compréhension doublée d’un twist gigantesque puisque le spectateur peut rembobiner des dizaines de petits détails et les ajuster pour correspondre à cette « nouvelle appréhension » de la réalité dont, comme Malcom, il était ignorant.

6sens


Le Deus ex machina

Franchement, c’est, pour ma part et depuis toujours, le truc que je n’aime pas trop et que – théoriquement, si j’ai bien bossé – je n’ai pas utilisé.

deus

Ici, il s’agit principalement de sauver une situation inextricable ou perdue d’avance, dont on sait que c’est la pire cata de chez cata et encore… En clair, le ou les personnages sont dans une mouise pas possible et absolument rien ne peut les en sortir : ils vont y passer. Mais, comme dans la tragédie grecque, les dieux vont providentiellement apparaître et intervenir grâce à une machinerie – ce qui peut correspondre à une sale manœuvre et fainéantise de l’auteur. Clac ! Coup de baguette magique et tout est réglé, sans qu’on ait besoin d’expliquer ni de justifier quoi que ce soit. À la limite se fendra-t-on d’une ou deux petites phrases pour préciser que oui, forcément, l’être divin, la fée, le super mage ou sorcier avait vu-pressenti que et pif-paf-pouf (ou ping) le voilà qui sauve tout.

pas glop

En fait, il s’agit d’une intervention totalement extérieure à l’histoire, qu’absolument rien ne laissait présager et qui fout généralement le waï dans celle-ci. Évidemment, si nous prenons l’Odyssée d’Homère, nous sommes ensevelis par la multitude qui s’y trouve, mais, là, c’est normal puisqu’Ulysse est confronté aux dieux, déesses et demi-dieux de l’Olympe durant son voyage. Ça reste quand même le truc pas glop dont Molière a largement abusé.

odyssee

Spoil Alerte ico 16 Que ce soit le coup « tout soudain » de Zerbinette enlevée à l’âge de quatre ans et dont le bracelet permet à Argante, « tout à trac » et tout opportunément, de découvrir qu’elle est sa fille, ce dans Les fourberies de Scapin – scène X de l’acte III.

scapin

Spoil Alerte ico 16 Ou encore la mort finale et brutale de Dom Juan dans Le festin de pierres, lorsque la statue du Commandeur attrape sa main pour l'amener brûler en enfer.

dom juan

Je citerai quelques autres gros trucs sur ce genre de facilité :

Spoil Alerte ico 16 D’abord, Le retour du Roi, 3e volet du Seigneur des Anneaux : l’arrivée des aigles géants qui sauvent Frodon et Sam coincés sur une grande roche au milieu d’une coulée de lave alors qu’ils n’ont aucun moyen de s’en échapper. Bref, ils vont forcément y passer à cause de la chaleur, double peine de mort en cramant et en étant asphyxiés par l’oxygène qui se raréfie. Bien évidemment, le film reflète parfaitement ce qu’a écrit Tolkien dont ce n’est pas le seul deus ex machina. J’avoue avoir fait la grimace à cela, les explications de Gandalf le blanc étant plutôt « légères » à ce sujet.

retour roi

Spoil Alerte ico 16 Ensuite la Horde du contrevent d’Alain Damiaso : le Corroyeur est devant la horde et rien ne peut les en protéger… sauf que repif-paf-pouf, voilà Te Jerkka qui apparaît et sauve ce petit monde, sans que l’auteur ne nous apprenne grand-chose sur le pourquoi du comment de sa présence ici. Désolé, mais non. Ça m’a un peu gâché ma lecture d’être laissé ignorant des raisons de cela.

horde1

horde2

Spoil Alerte ico 16 Troisième cas de figure : le livre et les films associés de Sa Majesté des Mouches. Le roman écrit par William Golding. À la fin, l’arrivée inopinée d’un bateau qui s’est détourné – une survenue fort opportune pour conclure l’œuvre – parce qu’il a vu la forêt en feu procède là aussi du Deus ex machina. Dans L’île oubliée (titre francisé du long-métrage d’Harry Hook de 1990), c’est un navire de l’armée américaine qui débarque sur les lieux, mais le principe de cette fin brutale et inattendue est une simple modernisation de cela. Ce coup d’arrêt à l’histoire nous laisse sans réel dénouement du conflit de ces gosses.

mouches

Spoil Alerte ico 16 La guerre des mondes en offre de même un très chouette [ironiquement parlant] : les virus sont les grands vainqueurs et les heureux sauveteurs de la situation qui était définitivement perdue, décimant les Martiens sans que quiconque n’intervienne. Bon, là, ça passe mieux puisque H.G. Wells donne une explication relativement* plausible ; simplement personne ne l’attendait. Du moins, la première fois qu’on lit cela sans rien en connaître. Cela procure d’ailleurs un drôle d’étonnement de voir se finir l’histoire aussi brutalement et indépendamment de toute action humaine. Bref, au contraire du désopilant Martiens Go home (Mars Attack au cinéma), les actions-réactions des personnages n’ont eu aucun impact sur le dénouement… pas plus qu’Indiana Jones n’avait d’utilité dans les Aventuriers de l’Arche perdue ; en effet, toutes ses actions désespérées et rocambolesques n’ont rien empêché de tout ce qui survient. Un constat que fait judicieusement remarquer Amy dans La minimisation des aventuriers de Big Bang Theory (épisode 4, saison 7).

guerre mondes

* Relativement, parce qu’elle sous-entend que la physiologie martienne est suffisamment proche de la nôtre pour être attaquable par lesdits virus, qu’ils sont capables de survivre à notre atmosphère sans protection, filtre ou autres billevesées. Et donc que les tripodes qui viennent de l’espace ne sont guère étanches ou qu’ils les ouvrent, à qui mieux mieux et tous, pour laisser rentrer notre air vicié dans leurs bocaux à trois pattes.

aventuriers

big bang theory


La problématique du point de vue

J’ai abordé cet aspect du PdV en présentant le principe du twist :

  • L’héroïne ou le héros unique et narrateur, s’exprimant à la première personne,
  • la ou le même associé à des scènes racontées par un observateur omniscient,
  • la formulation chorale avec plusieurs narrateurs, parlant tous à la première personne,
  • la même formulation complétée par l’intervention d’un observateur omniscient,
  • l’observateur omniscient permanent.

Je pense que vous serez d’accord pour dire qu’un twist – sans remettre ici le détail des diverses « formes » que j’en ai données précédemment – doit dépendre de plusieurs facteurs. Et, de ce fait, son impact autant que sa survenue, sa description, etc. seront totalement différents en fonction du PdV de celle/celui/ceux qui le rapportent.

narrateur

Le narrateur unique ne pourra nous offrir qu’une vision partielle que ce qu’il advient et de ce qu’il en comprend au contraire de l’omniscient qui pourra faire le tour de l’événement et nous en présenter toutes les facettes. Bien sûr, la présence d’un ou plusieurs personnages avec le narrateur facilitera le twist, puisqu’alors nous disposerons d’un PdV complété et légèrement moins déformé par le filtre humain (ou non-humain s’il s’agit d’un animal, monstre, d’une race particulière en SFFFH, etc.) : celui de sa perception, de son caractère, de sa culture, etc. du moins si l’auteur-scénariste fait correctement son job.

L’omniscient va, à l’inverse, s’affranchir de ce filtre et nous n’aurons plus que celui de l’auteur-scénariste.

À partir de là, de nombreuses combinaisons peuvent se faire. Ainsi Ovide avait-il dans son livre XIV des Métamorphoses utilisé le principe d’un dialogue entre Achéménide et Macarée pour changer le point de vue narratif. Une forme et deux marins que l’on retrouve dans le chant 10 de l’Odyssée d’Homère.

Il est évident que le twist de Mirus raconté par Dick et Colorado n’a pas le même impact que s’il avait été présenté de façon plus neutre, mais tout aussi dramatique, en étant formulé à la troisième personne. C’est ce que j’utilise sans vergogne lors des batailles spatiales dans Kei Arcadia. On bascule d’une voix unique, celle de la narratrice, à celle d’un tiers ; ceci permet d’une part de s’éloigner (en termes de distances) et donc d’avoir une vision plus complète de l’événement, d’autre part d’occulter le filtre caractériel de la parfois tête à claques Kei.

Spoil Alerte ico 16 C’est le même procédé qui est utilisé pour les twists et révélations concernant la bataille nocturne et les meurtres sur Mars lors de l’End Face Day. Ici, il ne s’agit pas de voir la totalité de la scène, mais de réduire le bouillonnement moral de Kei pour rendre la « chose » légèrement plus froide et d’en montrer toute l’horreur et l’ignominie.

flashback

Spoil Alerte ico 16 On notera que dans Le faucon de Malte, Hammett joue du point de vue de Sam Spade de manière particulière en ne nous expliquant pas tout de son détective ; ce dernier garde, par devers lui, certaines pensées et certaines opinions. L’ambiguïté de ses relations avec Iva [la veuve de Miles dont il est amant], Brigid, son associé Miles ou la loi elle-même. Cette ambiguïté soulève constamment des questions, ajoutant un filtre déformant et de ce fait perturbant tout autant qu’attirant le lecteur. Ainsi ses liens avec la police sont-ils teintés de conflits. Il veille par exemple à se protéger des risques permanents d’être arrêté ou mis en cause dans la mort de Miles [il ira d’ailleurs consulter Sid Wise, son avocat, par précaution]. Pour autant, il va échanger longuement avec le District attorney et l’inspecteur Polhaus, de manière certes tendue, mais bien réelle. Au final, il ira dénoncer les truands aux flics.

Une autre forme classique de présentation d’un twist et, entre autres, d’une révélation est l’usage du flashback. Le souvenir qui revient, le personnage qui repense à quelques événements ou scènes du passé. On fait alors ressurgir un point ignoré du lecteur-spectateur pour amener soit des éléments d’explication, soit un coup de théâtre. Attention, en soi, le flashback n’est pas un retournement de situation ; il vise généralement à apporter des informations, des éclaircissements – Je suis une légende en comporte de nombreux pour connaître tout ce qui a conduit à ce désastre. Par contre, il peut être un moyen d’introduire un twist ou d’y préparer, souvent sous forme d’une révélation inattendue (au lecteur-spectateur) ou d’une compréhension soudain (d’un événement, par le narrateur).

legende

Cette notion de PdV est aussi, il faut le reconnaître, un atout pour berner le lecteur-spectateur puisqu’elle pousse ce dernier à adopter, lorsque cela est bien mené, ledit PdV comme étant la réalité. À partir de là, il est aisé de s’offrir une brusque volte-face, un retournement [final ou intermédiaire] qui permet de surprendre suffisamment, voire totalement. Ainsi que dit précédemment, j’avais utilisé ce procédé dans la nouvelle Surveillance pour jouer d’un regard anthropocentrique par rapport à Gerulf. J’ai cité le cas de Sixième Sens, celui d’Ils étaient 10, je pourrais rajouter celui de Le Serpent dans l’étoile de Dumè Antoni qui use de cela pour nous amener à une première conclusion intense qui paraît logique et acceptable, mais non content de cela, l’auteur s’amuse à nous jeter un twist supplémentaire qui clôture méchamment et fort bien l’histoire. Ce qui, bien évidemment, se révèle sympathique et presque jouissif.

serpent etoile


Final

Je n’ai fait qu’effleurer ces éléments ; il y aurait de quoi en parler durant un livre entier, avec des centaines d’exemples issus de la littérature classique comme imaginaire, des BD, du théâtre ou du cinéma. Ce dossier est, ainsi que je le précisai au début, mis en avant avec mon point de vue personnel d’auteur et la manière dont j’appréhende et manipule ces diverses formes dans mes écrits.

xiii

XIII, une BD qui cumule tous les types de twists.

Je ne sais si je respecte réellement tous les éléments que j’ai présentés. Je penche pour un franc « Oui », mais je vous laisse me contredire et réagir quant à ce que vous estimez être un de ces fameux retournements de situations, un twist autant qu’à son utilité ou sa nécessité. Pour ma part, ces « surprises » m’arrivent généralement plutôt en soirée ou au lever, quelquefois lors de longues balades, quand l’histoire me titille profondément et qu’effectivement, là, je comprends que « ce truc-là » est exactement ce qu’il faut. Et, non, je ne me lève pas pour noter cela, pas plus que je n’ai de calepin sur la table de chevet ; je profite ignominieusement du fait que ma mémoire est encore bonne pour certaines choses.

Et maintenant, ceci étant dit, Allons danser comme le chantait Sardou.

AND TWIST AGAIN LIKE THE LAST SUMMER…

twist again

 

Et un post-scriptum...
Comme certaines et certains me donnent des titres qui les ont marqués par leurs twists, mais ne voulant pas surcharger ce dossier, je cite quelques-uns de ces titres qui viennent conforter mes dires (références que je compléterai sans doute avec d'autres retours) :

Films :

Brazil quant au final qui voit périr le héros que l'on croyait sauvé, Oblivion et la "surprise d'un clonage de masse", Inception avec la fin en qui laisse une folle interrogation (est-on dans la réalité ou encore dans un rêve pour Dom Cobb?), Minority report et les derniers événements dont la mort de Von Sydow, Il faut sauver le soldat Ryan avec la mort de l'équipe dont celle du Capitaine Miller et la fin en glissement de temps, les Autres dont la fin est un écho à celle de 6e sens,...

Textes:

Nombre de nouvelles d'Edgar Allan Poe, telles que le double crime de la rue Monge, La lettre, etc., celles de Guy de Maupassant telles que le célèbre Horla, etc. , Le scarabée de Richard Marsh (Richard Bernard Heldmann) pour sa narration chorale, le livre de M de Peng Shepherd et ses changements de PdV, Sans un cri, une nouvelle à double fin de Mémoire du temps (qui peut se lire en ligne ici), etc.

SF et Polar

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Catégorie : Dossiers & réflexions
Publication : 25 mai 2022
Affichages : 1330
  • Science-Fiction
  • Dossier
  • Réflexion
  • Polar

Au cœur d'un imaginaire dans lequel
science-fiction et policier sont réunis

polar 01

Avertissement : ceci n'est qu'une approche personnelle, donc n'est qu'un point de vue partial et partiel.
Forcément perfectible , il pourra être largement complété autant qu'amérlioré, ne représentant qu'un point de vue sur ce sujet et non un texte de référence.


Lors d’un échange fort intéressant sur les genres et sous-genres, autant que sur les liens qui pouvaient exister entre eux, je m’étais fendu d’une réflexion sur ces fameux mélanges de genres dans l’imaginaire, et principalement, parce que le sujet portait là-dessus, sur la régulière intrication SF et Fantastique.

Personnellement, j’avoue que le concept de classification d’une œuvre, que ce soit un roman ou une nouvelle, dans le monde l’imaginaire, n’est pas ma tasse de thé. Non qu’il n’en faille pas, mais j’ai simplement des difficultés à cantonner un texte à un seul élément comme cela se fait en biologie et taxonomie.

D’abord parce qu’il me semble difficile de définir les frontières exactes de chacun de ces éléments. Ainsi en SF, vouloir cantonner un texte à du pur space-opera, par exemple, me paraît extrêmement illusoire. J’ai tendance à dire – comme beaucoup, me semble-t-il – que le thème dominant serait le space-opera, mais que l’on trouve en dosage plus ou moins important d’autres concepts ou approches.

Le classement est encore plus complexe dès lors que l’on aborde des cycles comme Dune (Franck Herbert), Fondation (Asimov), ou ceux des Inhibiteurs (Alastair Reynolds), de Tschaï (Jack Vance), des Seigneurs de l’Instrumentalité (Cordwainer Smith). Tous ont des mélanges importants et heureux.

En prenant pour exemple le monde du Fleuve (Philip José Farmer) ou plutôt le cycle du Fleuve de l’Éternité, on tombe qu’on le veuille ou non dans des approches où le fantastique vient prendre sa part dans l’histoire. Nous pourrions même basculer dans la fantasy « pur » avec le cycle de Majipoor (Robert Silverberg) qui contient pourtant nombre d’aspects de science-fiction.

Pour ma part, j’apprécie ces mélanges, au point que chacune des nouvelles d'Aliens, vaisseau et Cie se voulait une joyeuse fusion des sous-genres SF.

Le mélange fantasy, avec sa magie, et SF est, lui aussi, un élément heureux. Je reconnais que l’analyse des Gueules des Vers qu’a écrite Robert Yessouroun (auteur de « Le village des étoiles », « Un robot de trop », « Les voleurs d’absurde », etc.) met d’ailleurs fort bien en avant cette intrication en précisant ceci :

 

Une citation de l’auteur (via un personnage) peut, peut-être, nous aider à trancher.
Il s’agit d’une évaluation de Colorado, l’IA d’un vaisseau spatial
(qui est un peu la face positive de HAL, dans 2001, l’Odyssée de l’espace)


« L’influence de Colorado était si éloignée de toute science qu’elle prenait des allures de magie. Ou de sorcellerie. » (Page 297)

 

Mais l’autre point qui m’a souvent interpellé est celui du mélange Polar et SF. Principalement parce que je suis grand amateur de policiers, noirs ou plus classiques. Pour ce que j'en sais, la mode du roman policier et le goût du lectorat à son égard ont pris un sacré essor depuis le début du XXe siècle, que l'on soit dans les classiques à la Agatha Christie ou Conan Doyle, avec des genres comme le whodunit, ou dans ceux du thriller, autant que du roman noir, qui a très tôt connu son heure de gloire en étant porté au cinéma. J’ai, pour ma part, dévoré des collections entières comme celle de « Grands détectives » chez 10/18 ou les « Éditions du Masque », etc. et, ce, tout autant que j’ai avalé de la SF chez « Presse Pocket », « FNA », « J’ai lu » et tant d’autres.

polar 10

un tout petit petit bout de mes lectures dans la collection « Grands détectives »

 

Quand j’ai commencé à écrire pour d’autres que moi, ce qui n’est pas très vieux puisque datant de 2013, j’ai toujours voulu mêler SF et Policier. La nouvelle « Vivez, éliminez », avec l’inspecteur Philippe K. Dester dans un Paris du futur, en est le premier exemple ; ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’elle la nouvelle qui débute Aliens, Vaisseau et Cie.

polar 06

Une autre nouvelle policière et SF, titrée « Futur inextricable », aurait dû être intégrée au recueil, mais l’éditeur l’a finalement refusée car trop criminalisée sur des thèmes plus durs puisqu’il s’agit de meurtres dans un cadre particulier. J’espère d’ailleurs qu’elle paraîtra chez un éditeur, un jour prochain.

D'autres comme « Hypothèse New York » (dans l’anthologie Dimension New York 3 chez Rivière Blanche) ou « Chasse temporelle » (dans l’anthologie Le temps revisité chez Arkuiris) mêlent aussi les deux thématiques.

Pour autant dans l’univers SF classique, les aspects policiers et enquêtes me semblent moins nombreux que d’autres. Peut-être une méconnaissance de ma part tout simplement, mais je n'en suis pas certain.

Bien sûr, il existe des évidences et références avec certains textes d’Asimov au sein de ce qui est devenu le cycle des robots, dont « les Cavernes d’acier » avec l’inspecteur Elijah Baley et R. Daneel Olivav. Asimov s’était d’ailleurs amusé à écrire des enquêtes policières à la armchair, c’est-à-dire sans quitter son fauteuil, avec son cycle du Club des veufs noirs qui n’a absolument rien de SF, mais fait jouer à fond la réflexion et la logique.

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On rajoutera Poul Anderson et « La patrouille du temps », qui forme une suite d’enquêtes policières temporelles, ou encore plusieurs titres de la « Saga Vorkosigan » de Lois McMaster Bujold, tels qu’Immunité diplomatique ou la Reine Rouge (hé oui ! Et notez qu’un peu plus loin, je préciserai que le hasard n’a pas sa place dans la résolution finale d’une enquête), « Flashback » de Dan Simmons, « les Fœtus d’acier » de Brussolo, sans oublier, bien sûr, « les Futurs Mystères de Paris », la série de romans de Roland C. Wagner, ou bien d'autres encore tels que « L'Homme démoli » d'Alfred Bester (Prix Hugo 1953) avec un futur où les « flics » sont télépathes... [Merci à Didier Reboussin de me l'avoir remis en mémoire]. J'arrête la liste afin de ne pas me lancer dans un inventaire à la Prévert...

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Cette dualité qui m’était apparue plus rare, moins évidente quand, ado, je lisais de la SF, m’a peu à peu attiré. Au point que, d’une part, je cherche souvent des textes mêlant ces deux thèmes et, d’autre part, que je me lance à écrire la nouvelle Surveillance qui a permis de faire naître Gerulf, androïde détective opiniâtre, aux aptitudes surartificielles, pour reprendre une citation de Robert Yessouroun à son égard.

polar 05

L’un des points de départ est le fait que les polars obéissent à certains « codes ».

Ces codes, Jorge Luis Borges, le grand écrivain argentin, s’était amusé à les définir sous forme de lois que je vais reprendre ici :

1- Limiter le nombre de personnages – trop de personnages fera que le lecteur se perdra et ne saura découvrir qui est le coupable.

2 - Exposer toutes les données du problème, sans Deus ex machina ni tricherie – ce dont Sherlock Holmes abusait.

3 - Être avare de moyens – on évite le don d’ubiquité et on doit pouvoir déduire la solution du problème avec toutes les cartes distribuées.

4 - Rendre le « Comment » plus important que le « Qui » – la vérité est plus importante que de connaître le responsable.

5 - Rendre la mort pudique – on n’est pas dans un univers gore, mais dans un policier. Les jets d’hémoglobine, les cadavres horriblement mutilés, etc. ne sont pas nécessaires.

6 - User du merveilleux – il ne s’agit pas ici de magie, bien au contraire, mais la solution doit être certes unique, mais surprendre, étonner, voire émerveiller le lecteur.


Ces six règles forment, selon Jorge, la base de tout bon roman policier. Et j’avoue que… eh bien oui, c’est presque ce qu’il se passe dans La Reine du Diable Rouge. Presque, je le reconnais, j’ai trahi (quoi que ce soit un bien grand mot) le point 3 car les moyens dont dispose Gerulf – qui est donc doté d’équipements genre inspecteur Gadget, mais sans exagération. Tout simplement parce qu’on est dans la SF et que la technologie existe, que certains aspects de l'histoire tiennent du techno-thriller.

Ainsi pour le point 1, dans la Reine du Diable Rouge, il y a Thomas, Alexis, Gerulf, Anna, Princesse Wu, Miss Xian en personnages principaux. Plus quelques têtes çà et là qui se déclarent très vite comme secondaires, non essentiels à l’enquête de Gerulf.

Pour le deux, tout apparaît au fur et à mesure. Mais les fausses pistes ou plutôt les pistes dans lesquelles Gerulf se fourvoie font que tout n’arrive pas directement dans la bouche ouverte. Et qu’il faut donc réfléchir. Etc.

polar 02

En fait, la Reine est bien plus dans l’esprit du Grand Sommeil ou du Faucon maltais que dans le cadre d’une enquête policière. Ce qui amène forcément à des écarts entre ce type, ce genre particulier de roman noir et ce qu’expliquent Borges ou Van Dine, entre autres.

À cette base que la plupart des auteurs de policiers reconnaissent, Borges rajoute trois points supplémentaires. Ainsi qu’il le dit explicitement :

Le véritable récit policier repousse – ai-je besoin de le préciser – avec le même dédain les risques physiques et la justice distributive. Il fait abstraction, avec sérénité, des cachots, des escaliers secrets, des remords, de la voltige, des barbes postiches, de l’escrime, des chauves-souris, de Charles Baudelaire et même du hasard.

 

Si cette idée qui me convient fort bien, bien que la Reine débute dans une prison cachée, je suis fort épris des romans noirs et les trois idées qu’il émet ensuite me paraissent différentes.

A) Dédaigner les risques physiques – c’est-à-dire être à l’opposé de Sam Spade qui n’hésite pas au coup de poing, qui est plusieurs fois menacé par une arme, tout autant que Philip Marlowe, etc., même Sherlock Holmes vit dans le danger permanent. Pour ma part, je n’ai pas hésité à laisser courir de graves dangers à Gerulf aussi bien qu’à Thomas et Alexis.

B) Renoncer aux considérations ou jugements moraux – Perry Mason ou les histoires de Chesterton sont orientés vers des canons de justice et de droit. Pour ma part, les concepts de droits ne sont pas valables dans l’Univers de SysSol, car ils varient d’une planète à l’autre, d’un satellite à l’autre aussi bien que vis-à-vis de la Spatiale ou de l’interspace. De plus, Gerulf étant un androïde, on est parfois dans des considérations totalement non-humaines.

C) Rejeter le hasard – que le hasard intervienne dans l’histoire est une chose, que le hasard intervienne pour dénouer l’énigme n’est pas vraiment acceptable.

 

Borges propose d’autres pistes qui pourraient, elles aussi, s’ériger en règles ou en codes, mais elles dépassent, à mon avis, l’intérêt d’une codification simple, en alourdissant les contraintes et en rigidifiant l’idée même du polar, encore plus du polar noir qui m’intéresse.

S.S. Van Dine, créateur du détective Philo Vance dans les années 26 à 39, avait lui aussi édicté une liste de règles – 20 pour être précis que je vous mets en lien ici : une page de présentation des règles de SS Van Dine et, ici, une autre version en PDF

Si j’adhère à nombre d’entre elles, plusieurs me laissent froid à cause du mélange avec le genre de la SF et du type d’histoires auxquelles je pense. Parmi celles-ci, je citerai en premier la règle 7 en disant qu’on peut, de mon point de vue, très bien écrire un policer, et plus encore un policier-SF, sans meurtre à résoudre ou à placer dans l’histoire pour la faire rebondir. Je pars du principe qu’une disparition est tout aussi dramatique dans de nombreuses affaires. La mort n’est pas une nécessité absolue pour l’enquête, même si elle survient dans l’une ou l’autre des situations.

Il se trouve, aujourd'hui, que l’histoire de La Reine du Diable Rouge a bien fonctionné auprès des lecteurs qui ont osé franchir le pas de la lire, du moins pour celles et ceux qui m’ont fait un retour ou une critique.

Au point que, non seulement, j’ai débuté la troisième aventure de Gerulf, la seconde « Un cerveau d’yttrium » étant parue en ce début 2021 chez Pulp Factory.

On pourra même noter que la série en épisodes de Kei Arcadia, sans être une enquête policière, propose une sacrée énigme quant à l’héroïne plutôt folledingue et tête à claques de cette aventure, énigme dont toutes les pièces du puzzle sont disséminées dans l’histoire et rassemblées (ou dévoilées pour qui ne les aurait pas notées) dans l’épilogue. Quelque chose qui tient de la logique et de l’attention, un peu comme dans les Veufs noirs cités plus haut, bien qu’on ne soit pas du tout dans un fauteuil ici.

Je me demande s’il ne serait pas intéressant d'imaginer une mise en avant des œuvres SF existantes qui fusionnent – de préférence avec brio – les deux genres ou univers – chacun aborde cette définition à sa façon, bien évidemment – de les pousser lorsque cela se peut vers le lectorat policier pour avoir d’autres avis, d’autres éclairages et d’autres échanges, qui ne soient pas seulement SF ou Anticipation, mais englobent tout ce brassage.

Reste pour ma part mille questions que j’ai en tête vis-à-vis de lecteurs ou passionnés de ce couple SF-Policier et que le sujet n’est pas prêt de s’épuiser pour moi.

polar 07

 

Dossiers

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Catégorie : Dossiers & réflexions
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Dossiers : études, approches et réflexions autour de la SF

 

Ces quelques pages ne sont que des réflexions personnelles tournant autour des romans et nouvelles aussi bien que de mes propres envies ou plaisirs.

SF : thèmes et sous-genres

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Catégorie : Dossiers & réflexions
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Nébula par Thomas Budach

 

L'hydre des genres et thèmes de la SF

Considérations personnelles

Classifier et trier, collationner et organiser, répartir en genres, thèmes, sous-thèmes et sous-éléments est une habitude humaine. Que ce soit le classement des éléments périodiques où l'on a séparé métaux pauvres, alcalins, métalloïdes, halogènes, etc. afin de rattacher chaque élément à un groupe. Que ce soit le classement via la systématique par règne (végétal, animal,...) puis embrassement, classe, ordre, jusqu'à l'espèce en dernier ressort. Que ce soit les genres littéraires, roman, poésie, théâtre, etc. J'en passe beaucoup. La SF n'échappe pas à une tentative fort discutable et discutée de classement en son sein.
Comme d'autres, je me suis amusé à rechercher çà et là ces classifications depuis le regroupement en 8 sous-genres de Wikipédia jusqu'au classement en thématiques, j'ai trouvé sur le web beaucoup de variations d'une part à cause des cultures différentes et des pays différents, autant que des langues.
Sans rentrer dans le détail, je me suis, de mon côté, amusé à rechercher genres et thèmes, en ignorant volontairement les sous-genres. A la base, mon idée était de savoir trouver quels thèmes j'abordais dans les nouvelles de mon recueil Aliens, Vaisseau et Cie. Ce qui m'a amené, bien sûr, à dire que chaque nouvelle mélangeant et approchant beaucoup de thèmes différents, je n'arrivais pas à les classer ni à les présenter par ce biais.
J'ai gardé néanmoins ce début de classification très personnel et manquant de rigueur, mais qu'importe...
Maintenant qu'elle existe, je la compléterai et l'agrémenterai de quelques infos, liens et documents associés.

 

GENRE

Explication

Romans concernés

Hard SF SF scientifique avec une grande part technologique Les Gueules des Vers
Soft SF SF moins scientifique, plus humaniste (les robots peuvent y avoir une "âme" par exemple) La Reine du Diable Rouge
Spéculative SF SF philosophique, psychologique, politique ou sociétale --

 Space-Shuttle par Sven Bachström

Thème

Explication

Texte JCG

Film, série télé, roman, BD

CONSCIENCE
   
Immortalité / Résurrection Des technologies permettent d'atteindre l'immortalité ou une vie immensément longue, voire de ressusciter (que ce soit par la médecine ou par les technologies).

Vivez, éliminez  
Transfert de conscience, de cerveau La conscience (ou l'âme?) est transféré vers une machine ou un autre humain, par des technologies avancées (notion de "téléchargement de l'esprit").

Substitution
Vivez, éliminez
Un cerveau d'yttrium
Film Renaissance
Cycle la grande porte de Frederik Pohl
HUMOUR
SF humoristique La SF est traitée dans le mode humoristique, c'est le cas des annales du disque monde par exemple et de l'œuvre de Douglas Adams.  

Mars Attack - Martiens Go home
Série Code Lyoko
Le guide du voyageur galactique
Les annales du disque monde

ESPACE
 
Exploration spatiale Voyage de découverte à travers l'Univers pour conquérir des planètes, connaitre de nouveau système, rencontrer des civilisations extra-terrestre, etc.

  Star Trek
2001 à 3001, les odyssées de l'Espace d'Arthur C. Clarke
Planet Opera Dans le style Jack Vance, une planète est le cœur du roman.   Cosmos 1999
La planète géante de Jack Vance
Dune
Space Opera Aventure épique dans l'espace et les systèmes planétaires ; guerre, contrebande, aventure, exploration, etc. y sont courantes. Les Gueules et l'Enfer des Vers Serenity
Babylon 5
L'orphelin de Perdide
L'incal
Vols spatiaux Vols dans l'espace généralement dans le système solaire (vers la Lune, l'ISS, autour de la Terre, vers Mars, etc.). La Reine du Diable Rouge Graviry
De la Terre à la Lune
On a marché sur la Lune
Voyages galactiques Il s'agit de découvrir de nouvelles planètes et peuples mais aussi de voyages dans l'univers, que l'on y soit perdu ou que l'on souhaite le visiter.

  Perdus dans l'espace
Le guide du voyageur galactique
ÊTRES VIVANTS
 
Invasion extra-terrestre L'invasion de notre monde par des extra-terrestres. Shojan survolant les rizières
Rêve d'aliens
Mars Attack
La guerre des mondes
Mutants Avec des personnages qui ont évolué différemment, disposant ou non de pouvoir particuliers à cause de cela. L'enfant électrique dans l'oeil du vaisseau A la poursuite des Slans
Les plus qu'humains
Les immortels
Vie extra-terrestre / Aliens Des extra-terrestres existent. Certains romans les présentent seuls, sans les humains ; dans d'autres, ils sont rencontrés, se battent ou vivent ensemble.

Aliens, Vaisseau et Cie V. Les visiteurs
La Stratégie Ender
Le Scrameustache
MAGIE
 Space Fantasy Mêle SF et Fantasy. Sibrisky (Sibérie) La Belgariade
La cinquième saison
Demain les chiens
Niourk
MILITAIRE
SF militaire militariste
(ou antimilitariste)
Des militaires sont au cœur de l'action et du roman ; l'exemple type est le roman d'Etoiles au garde à vous de Robert Heinlein d'où est tiré le film Starship Trooper.

Rêve d'aliens Cyle d'Honor Harrington
Cycle de Vorkosigan
Diomède Alpha
SF militaire pacifiste Des militaires et la guerre sont au cœur du roman, mais tout vise à se débarrasser avec le temps de cette plaie qu'est la guerre.

  les Phsychopompes de Klash
La guerre éternelle
MONDES IMAGINAIRES
Monde perdu La découverte d'un monde inconnu, caché, difficile accessible de façon naturelle   Les dieux eux-mêmes
Mutiverso
La longue utopie
Post-Apocalyptique La vision du monde après un évènement qui l'a détruit en grande partie ; il y a peu de survivants qui doivent se battre pour vivre, face à d'autres, à la nature mutante, etc.

Sibrisky (Sibérie) Trilogie Onde de choc
Les derniers hommes
Ravage
Univers parallèle, divergent ou alternatif Une variation de notre monde, de notre univers qui se produit en parallèle du nôtre ou qui en a divergé pour aller vers un futur différent.

Les Gueules et l'Enfer des Vers Docteur Who
Voyage dans le temps, paradoxe temporel Des personnages se retrouvent dans le passé ou le futur. Ils peuvent ou non revenir à leur époques, ils peuvent aussi voir leur temps boucler sur lui-même et se répéter.

Les Gueules et l'Enfer des Vers Retour vers le Futur
Docteur Who
PUNK
 BioPunk Technologie étouffante, guerre des corporations, jungle urbaine, monstruosités humanoïdes et des héros qui sont obliger de se lier à plus puissants qu'eux.

  Féérie
Ribofunk
La fille automate
CyberPunk Confluence de hacking, d'IA, de multinationales, se déroulant dans un futur relativement proche sur Terre.

  Matrix
Neuromancien
Postcyberpunk Réseaux à outrance, génétique, nanotechnologie, etc. mais les héros essaient d'enrayer le mouvement, d'éviter que tout n'empire.   Le 5e élément
Ghost in the Shell
Le peuple d'argile

 

 

 

  1. Science et fiction
  2. Création d'univers

Une présentation des éléments ayant servi à créer les univers de SysSol et de Quirinus : outils, réflexions, organisations et contraintes.

Création d'Univers

Entre le scientifique, l'ingénieur et l'écrivain, qui ajoute quelles pierres à l'édifice ? Ou quand un auteur tente de toucher à tout pour imaginer le futur à sa façon.

Science & Fiction

Une classification fort simplifiée des sous-genres (ou sous-thèmes) de la SF avec quelques exemples de mélanges au sein de nouvelles, romans, BD et films.

SF & sous-genres

Quand le mélange des genres que sont SF et Polar offre une palette d'aventures et d'histoires différentes, ou comment respecter et bafouer les codes du polar.

SF & Polar

SysSol, Quirinus, et nombre de nouvelles se situent dans un futur assez proche. Parlerons-nous d'Anticipation, de SF ou d'un étrange mélange des deux ? En se demandant si, finalement, c'est important au-delà du nouveau lectorat. Projet à venir

Anticipation & SF

La création des personnages humains au sein d'un roman, films, DA, etc. Eléments de travail et de réflexion, de la problématique de création à celle de rendre un personnage crédible et intéressant (qu'il soit aimé ou haï pour ce qu'il est)

Personnages humains

Assez peu porté sur les non-humains (aliens, E.T. ou autres), le multiculturalisme est sans doute une clef d'ouverture et d'approche d'une SF plus optimiste et plus ouverte, tel que dans SysSol et Quirinus.
Projet à venir

Multiculturalisme

De l'usage et forme des twists/retournements de situation, coups de théâtre et autres procédés, fort amusants pour surprendre un lecteur, mais nécessitant de laisser entrevoir des indices et des pistes pour qu'ils soient sans deus ex machina

Twist again

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