LA SPATIALE
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Décrire et expliquer la Spatiale est quelque chose de complexe, voire d'impossible tant l'organisation est tentaculaire et plus proche de l'hydre de Lerne qu'autre chose. D'autant qu'aucun Héraclès n'en est venu à bout depuis son apparition.
Née dans des circonstances dramatiques (voir l'histoire de SysSol), elle a grandi en tant que force armée après un push militaire sur l'ensemble du système solaire alors colonisée, à savoir les trois planètes que sont la Terre, Mars et Vénus, toutes trois situées plus ou moins bien dans la zone habitable du système, bien que Vénus en soit sortie au fil des millénaires.
C'est là le point le plus important de son histoire, la Spatiale n'est pas née dans la légitimité, mais dans un véritable bain de sang et une mainmise militaire de ses responsables que furent les amiraux des 3 flottes : D. Shaliang « Baron » pour Terre, Hui-Tuiyen surnommée « La reine rouge » pour Mars et Ejes « Tête de Fer » pour Vénus.
Cette guerre amena son lot de peines et de drames, mais permis aussi la naissance des compagnies pirates et d'une certaine peur dans les immensités traversées par les vaisseaux-cargos. Que ce soit Dick ou Gerulf, tous deux assistent à des attaques pirates qui montrent l'incroyable difficulté de pacifier ce coin d'Univers. La Spatiale fut guerrière et espionne, avec un côté sombre et terrible où certains procédèrent à mille et unes expériences interdites en usant des humains comme cobaye. Pourtant, sans elle, la conquête syssolienne n'aurait jamais été aussi poussée ; sans elle, la paix dans l'espace serait restée un vague mot nébuleux et sans crédibilité.
Extrait du Landpésia martien (version encyclopédique)
Section : Histoire générale de SysSol.
Les années 2070 UTT et suivantes – Guerre des « 100 jours ».
La fin de la guerre et le moratoire dit de la « Spatiale ».
Après trois longues journées de pourparlers, le cessez-le-feu est signé entre la Terre, Mars et Vénus, dans la guerre des cent jours. Dans les heures qui ont suivi, les troupes terriennes ont quitté les zones militarisées des grandes plaines et se sont placées en orbite, au-delà de l'espace transatmosphérique martien. Les amiraux de chacune des armées, D. Shaliang pour la Terre, Ejes « Tête de Fer » pour Vénus et Hui-Tuiyen « La reine rouge » pour Mars, ont mis en place, hors de toute décision et intervention civiles, un moratoire pour la création d'une unité militaire et scientifique indépendante, responsable de l'interspace et la sécurisation de ce dernier. Cette unité, forte d'une centaine de vaisseaux armés, et déjà appelée la « Spatiale » par les Terriens, disposera de nombreux satellites planétaires et stations spatiales actuelles… …
Si la guerre s'est réellement achevée en 2072, elle a laissé des traces qui perdurèrent presque un siècle avec de nombreux groupes de mercenaires puis de pirates qu'il fut difficile de capturer et d'éradiquer, principalement dans les zones d'expansion minière [dactiler les années 2082-2098]. La Spatiale eut ainsi la lourde tâche de nettoyer cette immensité et de se battre contre les états indépendants qui tentaient de se créer de tous côtés et qui finançaient et soutenaient de manière à peine masquée la piraterie spatiale…
Le point de vue de Dick Hanson
Dick Hanson n'apprécie pas la Spatiale à cause de cette illégitimité et il le dit clairement :
Ils avaient depuis 2030 conquis une grande partie du système solaire, en avaient colonisé et rendu habitable plus du tiers, pour fuir et alléger une Terre qui n'en pouvait plus de la famine, des guerres, du terrorisme, d'une industrie agonisante, de terres et d'océans dévastés. Pourtant, ils continuaient encore et toujours à se haïr. Oh, certes, ce n'étaient plus des guerres sanglantes. La dernière, la guerre des cent jours martiens en 2070, avait vu mourir un quart de million d'humains sur la planète rouge et dans l'espace.
Ce qui chaque fois que j'y songeais me ramenait à la Spatiale…
Je ne crois pas que ce soit réellement un bien qui est sorti de cette horreur. À cause de ce quart de million, trois amiraux qui décident de s'unir et de bafouer l'autorité civile, cela reste un putsch militaire, ni plus ni moins. Je fais sans doute partie des complotistes à croire que le triumvirat qui se réunit [...] avait préparé l'opération depuis longtemps, qu'elle n'eut rien de spontané. C'est sans doute pour cela que je n'apprécie pas la Spatiale, même si j'accepte sa présence et son rôle. La Terre avait lancé cette guerre et, parce qu'elle la perdit, ils la firent plier, prélevant argent, nourriture et produits sous la menace des bombes et des vaisseaux.
Extrait du Landpésia martien
Section : Histoire générale de SysSol.
La Spatiale et de l'expansion humaine.
Si, historiquement, la Spatiale est née de la fusion des armées spatiales des trois planètes sous la direction du « Triumvirat des amiraux », ceux que l'on surnomma « Les trois Rouges », elle dut s'adapter et concevoir une nouvelle organisation capable d'absorber celles existantes tout en faisant face à l'immensité de notre système solaire. Contrairement à ce que beaucoup croient encore, cette organisation s'est réalisée avec l'appui des gouvernements planétaires qui avaient, en 2083, tout intérêt à obtenir l'aide et le soutien de la Spatiale pour mieux s'implanter sur les grands satellites et favoriser l'installation martienne et vénusienne.
…
En 2071, le plan Absteintein avait permis l'expatriation de deux millions de terriens sur les 2 planètes, la Lune, Europe et Io. Celui de 2083 avait l'ambition de permettre à douze millions d'humains d'émigrer grâce aux vaisseaux de la Spatiale. Ce projet fou reçut son aval dès les premières discussions et un train de navires-cargos ne cessa de faire la navette entre la Terre et les anciennes colonies devenues indépendantes durant douze longues années, transportant en tout dix-sept millions de migrants plus ou moins volontaires…
…
Ce déplacement titanesque d'humains nécessita l'étude puis la construction de nouveaux vaisseaux transporteurs, de moteurs, de couloirs logistiques, de serres hydroponiques spécialisées… Simultanément, il fallut faire face aux risques d'attentats, de révoltes, de guerres locales et d'espionnage qui pouvait s'étendre depuis la Terre. Le triumvirat des années 80 décida d'organiser la Spatiale autour de ces 3 activités : déplacements spatiaux, travaux scientifiques et renseignements. Ces changements auraient, selon la petite histoire, transformé le surnom des « Trois Rouges » en « Trois Rouages » avant de devenir l'actuel « Trois Roues » pour désigner les trois amiraux à la tête de la Spatiale…
Cent ans après sa création, la Spatiale a conservé cette division tertiaire, mais a entièrement repensé sa stratification jusqu'aux plus bas de ses échelons.
L'incroyable apport à la vie dans l'espace
Nonobstant les critiques bien réelles qui sont à porter à l'encontre de la Spatiale et de ses branches les plus extrémistes, elle a néanmoins apporté de nombreux progrès qui ont perduré et permis d'une part la création et l'expansion de SysSol, et d'autre la vie des humains dans l'espace.
Ce dernier point est plus qu'important. En effet, de part sa situation nécessitant de maintenir une mainmise sur l'interspace, l'organisation militaire a dû concevoir et mettre en place des moyens de vie durables. Il ne s'agissait plus de pouvoir tenir quelques années, mais des décennies voire des siècles. Il fallait que les femmes et hommes puissent vivre et non survivre, fonder des familles, avoir des enfants, se nourrir, etc. sans avoir l'obligation de redescendre sur une planète ou un satellite.
La médecine, depuis l'obstétrique jusqu'à la gériatrie, fut entièrement repensée pour être réalisée dans l'espace. Les problématiques physiologiques et corporelles durent être étudiés dans des détails jamais imaginés, afin de permettre de survivre sans pesanteur, ou du moins avec des pesanteurs réduites, durant une vie entière. Des questionnements sur l'étirement du corps, la dégénérescence musculaire, les soucis articulaires, et mille autres fonctions vitales (gastriques, sanguines, respiratoires, etc.) amenèrent à des progrès sans précédents, bien que souvent dramatiques pour celles et ceux qui subirent certaines expériences associées.
Les vaisseaux furent repensés et réorganisés, les équipements (tenues intérieures comme tenues de sorties spatiales) revus et allégés tout en augmentant la sécurité, les cycles de l'eau, de l'air et des déchets furent étudiés pour s'autoentretenir sur plusieurs décennies. Les robots et androïdes furent spécialisés et une branche devint celle de la médecine robotisée, en créant les androïdes médicaux, nommés doctoroïdes, et capables de réaliser toutes les interventions médicales depuis l'étude et le diagnostic jusqu'aux opérations chirurgicales les plus complexes, sans aide ni surveillance humaine.
De même, les IA des vaisseaux ont évolué à folle allure, agglomérant des dizaines de sous-IA gérant chacune un aspect technique, logistique ou vital des gigantesques vaisseaux de la Spatiale ; elles ont été dotées très rapidement de leurs propres banques de données, rassemblant toutes les connaissances humaines, afin d'assurer à chaque navire une indépendance totale dans le cadre de missions éloignées (c'est-à-dire à des distances de plusieurs centaines de milliards de kilomètres de toute planète). Leurs modules d'interface humaines (linguistiques, empathiques, conjoncturels, etc.) ont été augmentés afin d'offrir une apparence de conscience humaine. Les capacités des coeurs quantiques sont ainsi devenues immenses, au point qu'il est impossible de les comparer à nos actuels supra-ordinateurs (ce serait comme vouloir comparer ces derniers avec des bouliers). Ainsi les capacités de calculs sont passées du téraflops (un billion de calculs sur des valeurs à virgules flottantes) que nous connaissons au yottalops (c'est-à-dire un quadrillion d'opérations lumières par seconde, la notion de calcul étant totalement dépassée à cette époque).
Ce sont ces évolutions qui ont permis de créer des IA comme Colorado ou Gerulf... et quelques autres...
Ce sont elles qui ont mené à la « prise de conscience » de ces mêmes androïdes quant à leurs capacités et à leur volonté d'être reconnus comme citoyens syssoliens de plein droit. Ce qui mena à la révolte des androïdes en 2095 puis aux accords d'Europe qui, en 2098, permirentà ces derniers de récupérer le satellite Europe et d'en faire leur monde, leur patrie, ce grâce à l'appui de la Spatiale. Ce sera d'ailleurs l'un des premiers désirs de Gerulf que de vouloir être lui aussi un citoyen syssolien...
Création © JC Gapdy