Les modifiés de SysSol

 

 

Modifiés,trafiqués,clonés,changés,hybridés,brisés,et pourtant humains

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Petit avertissement : l’objectif de ce dossier est de présenter un certain nombre d’éléments relatifs aux Humains modifiés dans SysSol. Si vous avez lu plusieurs de mes écrits, vous retrouverez facilement les références que j'indique et ferez le lien avec les personnages associés. Si ce n'est pas le cas, sachez que j’ai évité de dévoiler les intrigues et les détails, donc pas de souci… sauf pour le chapitre « Kei Arcadia » qui spoile une grande part de l'histoire et que je vous invite, de ce fait, à contourner pour pouvoir en lire sereinement les aventures si vous ne l'avez pas encore fait.

L’univers de SysSol comporte bien des problématiques sociétales et surtout humaines assez particulières. Nombre de celles-ci sont, en tout ou partie, le reflet de notre monde actuel, en lien direct avec le peu de cas que l’on fait de l’être humain.

Quel que soit le point de vue que l’on prenne en compte, et même si beaucoup détournent le regard à ce sujet, on ne peut ignorer l’exploitation humaine, poussée souvent jusqu’à l’esclavage, une situation et un état de fait toujours présent et bien réel au XXIe siècle. Que ce soit l’exploitation humaine (avec souvent des enfants) dans les mines pour extraire ces métaux si précieux pour nos téléphones portables et batteries, dans le monde du textile et de la mode, dans le démantèlement de navires chargés d’amiante ou de métaux lourds, dans l’exploitation des décharges, dans la destruction des lieux de vies autochtones – tels qu’en Amazonie ou ailleurs – dans l’avilissement humain au sein de ghettos, favelas, bidonvilles, etc., la liste est immense et terrible…

Cynisme ou réalisme ? Je penche pour les deux, mais je crains que l’humanité ne change guère dans les prochains siècles, si elle existe encore. SysSol [que vous le pensiez nôtre ou réplique de notre petit univers] n’échappe pas à cela. Les textes les plus axés sur cette exploitation restent d'une part « Inhumaine Contrebande » et « le Fil du Rasoir », mais aussi « le 1er épisode des Aventures de Key Arcadia », « Le fond du désespoir » (ces derniers textes étant téléchargeables gratuitement sur le site).

Vaste sujet que le clonage et, plus encore, le clonage humain.

Si on part du principe de duplication sans association sexuée, le « concept » existe plus ou moins dans la nature, par exemple lorsqu’on parle de jumeaux homozygotes. On a aussi, dans le même esprit, la reproduction asexuée donc sans partenaire ; c’est le cas des moisissures et de leurs spores, des sphaignes de la mousse, de certains vers qui se régénèrent en deux individus lorsqu’ils sont coupés…

Dans le milieu végétal, on utilise des techniques telles que marcottage, le bouturage, etc. Dans le milieu animal, nous pourrions évoquer le principe de la parthénogenèse, cad le mode de reproduction monoparental par autofécondation. Ce n’est pas du clonage, mais comme il n’y a aucun apport de matériel génétique externe, on peut l’apparenter à une reproduction asexuée et donc relativement proche du clonage. C’est le cas de plusieurs genres de vers (nématodes, polychètes, etc.), de certains arthropodes (abeilles, pucerons…) et reptiles (varan de Komodo par ex.), ainsi que des poissons.

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illustration Tibor Janosi Mozes - Pixabay

Pour le reste… rien…

Les tentatives de clonage artificiel d’animaux – moutons, souris, chèvres – n’ont pas été un franc succès. Sans rentrer dans le détail, les résultats n’ont guère été probants. Il est apparu que les sujets clonés avec plusieurs défauts : une propension à avoir des problèmes de santé et une espérance de vie plus courte. Rien ne laisse espérer que des clones humains ne rencontreraient pas les mêmes problèmes.

Si les tentatives de viande artificielle, cultivée en laboratoire, existent, celles de clonage humain sont, elles, concentrées sur des cellules ; les difficultés d’aller au-delà sont à la fois scientifiques, techniques et éthiques.

Dans SysSol, la problématique a été dépassée. On sait cloner des animaux et on le fait, parce que Terre est devenue un assez vaste dépotoir où la vie animale et végétale est fort éloignée de tout Eden. La nécessité de clonage s’est imposée pour trois raisons :

1 – faire de l’élevage posait d’énormes problèmes d’occupation des sols et la compétition était devenue immense entre l’occupation humaine, l’occupation animale pour l’élevage, l’occupation agricole pour produire de la nourriture humaine d’une part, animale d’autre part. Si on ajoute la nécessité de conserver des espaces de forêts pour l’oxygénation de la planète, tout a poussé à supprimer le concept d’élevage au profit d’un clonage d’abord d’animaux entiers, puis parcellaires.

2 – la problématique de l’élevage industriel et de la nourriture carnée ont généré des conflits humains importants ; le passage à un clonage de plus en plus parcellaire [on cultive non plus un animal entier, mais des muscles comestibles] a été très rapidement nécessaire pour laisser la place à l’agriculture et permettre de nourrir la population gigantesque de Terre.

3 – l’impossibilité de disposer d’élevage hors de Terre, principalement dans les vaisseaux, alors que l’exploration et la conquête de SysSol prenaient de plus en plus d’importance. Le principe d’un clonage végétal pour des cultures à l’intérieur des navires spatiaux a très vite été associé à celui d’une production minimale de tissus carnés et comestibles obtenus par clonage partiel sur les techniques terriennes.

À partir de là, la dérive vers la conception de clones humains n’a guère tardé et se trouve présente très tôt dans l’histoire de cet univers, plus précisément à la fin des années 2080, avec plusieurs laboratoires séléniens qui parviennent à en créer et à en « élever » [lire par exemple la nouvelle téléchargeable  gratuitement « Le fond du désespoir »]. Leur conception relativement accélérée fait qu’en cinq ans environ, ils atteignent l’équivalent des huit ans d’un jeune Humain plus classique.

Le but de ces laboratoires, loin de toute éthique et morale, est de disposer de matériel humain pour remplacer plus efficacement les animaux de laboratoire dans la conception de médicaments et thérapies, aussi bien que de prothèses cyborges, de tests de survie spatiale, améliorations de capacités psy, etc.

Créés non pas pour obtenir des pièces de rechange (comme cela s’évoque dans plusieurs romans, nouvelles ou films SF, ainsi que dans l’une de mes nouvelles parallèles), ces clones, assez faciles à concevoir et faire éclore, seront aussi utilisés comme esclaves par de nombreuses sociétés d’exploitation minière, au sein des satellites et des astéroïdes, d’abord ceux de la ceinture principale exploités dès les années 2082 puis, peu à peu, les jupitériens à partir de 2084.

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La législation à leur sujet se fait par consensus, mais, par acceptation de la situation, les clones sont officiellement autorisés avec l’obligation de les marquer d’un triple tatouage d’identification. Le premier est visible à la base du cou, les deux autres sont des puces greffées contre la hanche pour l’un, contre l’humérus ou la clavicule gauche.

Évidemment, ces Humains clonés présentent les mêmes « soucis » de santé que les actuels animaux clonés. Santé déficiente et espérance de vie réduite : pratiquement aucun clone ne dépasse l’adolescence et, plus précisément, les quinze ou seize ans. Cette déficience s’accompagne de problèmes psychologiques et psychiatres à cette période ; ces derniers se traduisent par une propension à la colère et à l’agressivité autant qu’à la folie et/ou au suicide. Conséquence : la nécessite pour les laboratoires concepteurs d’utiliser au maximum ces jeunes clones durant leur dizaine d’années de survie et d’en faire des cobayes les plus rentables possible…

Rien de bien joli-joli, pour ne pas dire pire.

La première apparition effective (sur le plan des dates de l'Univers) des clones est indiquée dans « La Reine du Diable Rouge », puis dans « Un cerveau d’yttrium ». On les retrouve aussi dans « Inhumaine contrebande », puisque la jeune Line est une clone [pas de spoil, ceci est indiqué dès les premières pages] portant distinctement la marque au cou. Ils sont présents dans « L’Enfer des Vers » et dans « Kei Arcadia » (principalement le 1er épisode).

On notera que de nombreuses tentatives de rendre illégale la conception et l’utilisation des clones ont été menées dans les années 2100, sans vraiment aboutir. Ces essais de légiférer et d’interdire ont mené à un statu quo et à une tolérance quasi permanente de ce genre de choses, mêmes si nombre de personnes continuent à combattre cela [ceci est évoqué et explicité dans « Un cerveau d’yttrium » et dans « les Aventures de Kei Arcadia »]

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illustration Ahmad Ardity - Pixabay