Gynoïdes

Ambiance

Elle a souffert, terriblement, dramatiquement, mais ce qui lui est arrivé finalement est inimaginable. Une histoire où l'on rencontre Agnès Maller, l'androïdicienne la plus célèbre de SysSol, celle qui a permis d'implanter des concepts de conscience et d'empathie dans certaines IA, celle qui a joué un rôle si important dans la 2e enquête de Gerulf : Un cerveau d'yttrium, et celle qui va changer le destin d'Élisa, de Natalia et de Kseniya.

Incipit

1 – Androïde Délirium
Les armes se déclenchèrent le 21 janvier, au-dessus des premiers fauteuils du centre de conférence. L’heure, en bas de l’hologramme, affichait 10 heures 35 minutes et 11 secondes. Le Professeur Laÿs Semlash commençait sa présentation quand douze tubes de ce qui constituait le système anti-incendie s’abaissèrent ; ils se plièrent et tirèrent une série de balles polymériques. Les minces ogives traversèrent les têtes de douze savants, femmes et hommes, éminents cerveaux de la neuropsychologie quantique. Le sang gicla, des morceaux de chairs et de substance grise éclaboussèrent les lieux et des hurlements s’ensuivirent, ainsi qu’une débandade de toutes les personnes présentes dans l’amphithéâtre. La bousculade provoqua des chutes ; il y eut des membres cassés, des mains et côtes brisées, plusieurs malaises.
Les caméras enregistrèrent tout. Jusqu’au moindre détail.
Ce dont je me serais passé.
Même si on ne me montra que quelques courts instants de cette horreur.
– Que signifie ceci ? murmurai-je après un moment de silence.
J’attrapai mon verre, avalant d’un trait l’eau tiède avant de m’essuyer la bouche. Longuement et avec effort, comme si cela allait effacer ce que j’avais vu au travers du casque immersif. Une vision bien trop précise.
Attendant que je reprenne mes esprits, les trois personnes qui me faisaient face se taisaient. Un homme et deux femmes. Lui se nommait Feodor Loster, commandant dans la sécurité intérieure au sein du MVD, spécialiste des réseaux quantiques et des IA, en fait un espion supérieurement qualifié. Irina Eddiscov était ingénieure, une experte en psychologie neuronale, auprès de DB-Lab, la DrakonBot , une entreprise russe parmi les plus puissantes et les plus en avance dans ce qu’ils appelaient des androïdes synhumains . D’après le peu que j’avais appris, leur idée était de concevoir des êtres synthétiques capables de vivre avec les humains de façon quasi-invisible. Des répliques de nous-mêmes non biologiques, mais nóoleptiquement proches.