Les ligres de BASATIA
quand une monstrueuse fauveest poussée par la curiositérencontre pour la 1e fois un humainse révèle bien différente des apparences
Ambiance
Joïl et son père sont en route pour la planète Basatia, mais leur vaisseau est attaqué et se scratche. Joïl n'a que le temps d'être éjecté, mais se retrouve, seul et perdu dans la brousse. Alors qu'il s'extrait de sa capsule de sauvetage, il fait soudain face à une monstrueuse ligre...
Incipit
Information linguistique : Basatia est un mot basque qui signifie « Sauvage ». Les ligres de cette histoire n'ont rien de commun avec les ligres terrestres, qui sont des félins hybrides nés de l'union d'une tigresse et d'un lion mâle.
Ce fut l’explosion, lointaine et ténue, qui fit s’agiter le clan. Blottie à l’écart près de sa mère, Rlif s’arracha à la chaleur de sa fourrure pour scruter le ciel. Un trait sombre, suivi d’étranges flammes, traversait les premières lueurs de l’aube. Depuis onze mois qu’elle était née, la jeune ligre n’en avait jamais vu de si imposant ni surtout passant aussi bas. Ce qui l’intrigua. Soudain, la flèche cracha des éclairs rouges puis chuta brutalement par-delà la plaine, au cœur des collines du Zylan. Une seconde explosion retentit, atténuée par la distance et suivie d’une épaisse volute de fumée que le vent dispersa lentement.
Le jeune animal feula et quitta l’abri des arbres, provoquant l’ouverture d’un œil maternel. Mais sa génitrice le referma aussitôt. Son enfant était assez grand pour se défendre et les mâles de la tribu n’avaient que faire de cette dernière-née, maintenant qu’ils pouvaient de nouveau l’approcher et lui demander des faveurs. Même si le risque d’être décapité et mangé après l’accouplement était bien réel face à la reine du matriclan, leur appétit sexuel ne pourrait résister longtemps. D’autant plus que ladite reine saurait en attirer dans ses rets ; elle ressentait depuis peu l’impérieux besoin d’aspirer l’esprit d’un ligre parmi les plus féroces et de lui offrir l’un de ses cerveaux-seconds.
L’important était qu’elle n’avait plus à s’occuper de son enfant, une future souveraine qui ne tarderait guère à créer son propre clan. Rlif était sevrée ; elle chassait de petites proies et se gavait d’énormes touffes d’herbe bizane et de buissons d’alpoaëstra.
Tout était donc pour le mieux, n’était le fait que la jeune ligre était curieuse de tout, trop, et plus que n’importe quel membre de la tribu ne l’avait jamais été. Sa taille et son poids étant devenus conséquents et incitant les bêtes de la savane à l’éviter, elle satisfaisait cette insatiable curiosité en s’aventurant de plus en plus loin.
Les ligres de Basatia
Thème : Humain ♥ Animal
Pour son avant dernière livraison, Gandahar a choisi un thème qui nous tient à coeur, ainsi qu’à plusieurs de nos auteurs fétiches. J’aurais pu demander à Jean-Pierre Andrevon de se joindre à nous puisque ce sujet représente l’un de ses engagements, mais il a déjà activement participé à l’excellente anthologie Animal ad hominem, présentée par Léo Dhayer et publiée par Flatland (voir en 3e de couverture), regroupant 33 auteurs dont certains de nos habitués. Deux d’entre-eux sont même présents sur les deux tableaux : Philippe Caza et son humour, Céline Maltère et son style cruel et léger à la fois.
Martine Hermant se bat pour la cause animale et a recueilli un nombre impressionnant de chats abandonnés dans sa maison qui fait quasiment office de refuge, là-bas, dans le Cézallier où ceux qui ont la bassesse de laisser devant sa porte des animaux dont ils veulent se débarasser l’appellent volontiers “la folle” ou “la sorcière”. Je lui témoigne ici mon admiration sans borne pour son combat de tous les jours. Sa nouvelle en est un émouvant témoignage.
Chiens, chats, loups, abeilles, animaux marins tels que baleines ou cachalots, voire même aberrations de la nature vont ici se lier à l’humain de toutes sortes de manières, de façon à nous émouvoir et/ou nous faire réfléchir : comment nous-même interagissons-nous avec l’animal, domestiqué ou sauvage et que pouvons-nous faire de plus, de mieux pour lui ?
Chers amis, je vous avoue que certains de ces textes m’ont mis les larmes aux yeux.
Je vous en souhaite une bonne lecture !
Christine Brignon
NOTA : la version papier de ce numéro est épuisée. Il est par contre possible d'en commander la version PDF (bas de page en lien : anciens numéros) jusqu'en septembre 2024, date de fermeture du site et d'arrêt de la revue.
Illustration de Grégory Delaunay.
Sommaire :
L’odyssée du Star Beagle de Philippe Caza
Les ligres de Basatia de JC Gapdy
Le chat de la sorcière de Martine Hermant
Tiltane de Céline Maltère
Ensemble de Sylvain Arnaud
Incarnation de Cécile Dubard
Frères d’armes et d’écosytème de Constantin Louvain
Les amandes de la colère de Julie Conseil
Belle aberration de Mollo von Mobius
Les dernières immortelles de S. Egidius
Mère la verte de Mélanie Leroux
Mo ou les cachaliers de Chloé Chevalier
Chroniques de lecture de Martine Hermant et Christine Brignon