Retour aux interviews et références
Initialement, Rémy Toularestel, qui anime l’émission « Vous reprendrez bien un peu de SF », intervenait sur Radio Évasion 29. Celle-ci ayant disparu au profit de Transistoc'h 100.4 FM, les podcasts de cette époque n’existent plus.
L’échange que nous eûmes à cette époque (en 2022) fut réalisé en différé. En voici le détail de sa préparation qui se devait d’être en 2 parties : une présentation me concernant et un échange autour des auteurs SF et des œuvres qui m’ont marqué et influencé.
Présentation
Jycé Gapdy, JC pour Jean Christophe, sans trait d’union. J’écris depuis mon adolescence, en fait depuis mes 10-12 ans, mais je ne me suis lancé à écrire des histoires SF qu’en 2013. À partir de là et suite à une nouvelle retenue pour un concours hommage à Philip K. Dick (mon auteur fétiche à cause de la dissonance qu’il mettait en œuvre entre réalité et apparences), tout s’est enchaîné, avec un premier roman paru en 2018 et le douzième qui sortira en décembre. Passionné de polars, de romans historiques et d’univers foisonnants, j’ai créé plusieurs univers SF : celui de SysSol, notre système solaire, qui comprend un cycle de voyages spatio-temporels dont le 4e tome sort en décembre chez Rivière Blanche, une série d’enquêtes policières avec Gerulf, un androïde détective, chez Pulp Factory, des aventures en space-opera avec Inhumaine Contrebande et les Aventures de Kei Arcadia. S’y ajoutent, chez RroyzZ Éditions, les Mondes de Quirinus et le cycle des Ajusteurs, dont le 2e tome sort en septembre et le 3e en mai prochain. Dans les nouvelles, une bonne trentaine à ce jour, se mêlent aussi bien de la SF que des histoires fantastiques dont la dernière est un clin d’œil lovecraftien avec « En d’hallucinantes montagnes » dans la 2e numéro de la revue OUAT.
Auteurs et œuvres de SF marquantes
Parmi les quelques auteurs à mettre en avant par ce qu’ils m’ont apporté durant mon adolescence, je citerai Philip K. Dick avec ses réalités distordues et bien différentes des apparences, Arthur C. Clarke pour une certaine approche de la Hard SF et Jack Vance pour ses mondes aventureux. Par contre, côté romans et œuvres, quatre textes m’ont plus particulièrement marqué et m’ont un peu plus poussé dans la découverte de la SF.
Dans le désordre, il y a « Chanur » de C.J. Cherry, « la Main Gauche de la nuit » d’Ursula K. Le Guin, « L’œuf du dragon » de Robert L. Forward et « Rendez-vous avec Rama » d’Arthur C. Clarke. Même si ces œuvres ont parfois un côté anthropocentrique (la fin de l’œuf du dragon est une catastrophe de mon point de vue, mais comme le reste est bon…), elles ont toutes une même force : celle d’aborder d’autres civilisations du point de vue « non-humain ». Dans « Chanur », les humains ne sont qu’un détail, un prétexte et ne forment ni le noyau des personnages, ni celui des relations inter-espèces. J’adorai tout ce qui concernait les Kif et les Knnn, tant ils étaient « bizarres » et loin de nous. Dans « Rama », on est face à l’incompréhension de ce que transporte cet extraordinaire vaisseau, incompréhension de ce que l’on voit, de sa raison d’être, de la vie qui surgit et disparaît, des mystères et des questions sans réponses qu’il soulève. Dans « La main gauche », j’étais ébloui par le fait que l’autrice cassait le concept de genre, introduisait l’hermaphrodisme et une civilisation avec ses règles, ses lois et dictats et une notion d’amour tant de la vie que de l’autre qui m’a parfois donné des frissons. Quant à « L’œuf du dragon », c’est la situation totalement folle au cœur de la constellation du Dragon, avec cette planète à gravité inimaginable et son incroyable rotation, qui m’avait titillé. Lorsqu’une forme de vie, celle des cheelas, s’y développe, c’est avec un déroulement temporel totalement décalé et terriblement rapide – au regard de notre propre évolution – qui s’y produit.
À l’époque, j’étais ado donc, ces textes m’avaient profondément marqué, car ils sortaient du moule très machiste et très américanisé – voire très racisé – d’une grande partie de la SF. Juvet chantait « Où sont les femmes ? », on pouvait se le demander dans la SF de cette époque ; d’une certaine façon, des romans comme « Chanur » et « La main gauche » permettaient de respirer un autre air. Tous quatre ont, pour moi, jeté un éclairage, peut-être imparfait et partial, mais bien réel, sur ce qui n’était pas « notre nombril ». Je pense que cela a ajouté au fait que, par exemple, mes personnages proviennent de toute la Terre, de nombreux ethnies et cultures différentes, qu’ils ne sont pas non plus bloqués dans un seul genre…
